**La Réponse de Dieu à Job**
Dans les profondeurs des ténèbres et des tourments, Job, assis sur son tas de cendres, avait élevé sa voix vers le ciel, réclamant justice et compréhension. Ses amis, venus pour le consoler, avaient plutôt alimenté sa détresse par leurs discours accusateurs. Job, bien qu’affligé par la maladie et la perte de tout ce qu’il possédait, refusait de maudire Dieu. Mais son cœur était rempli de questions : « Pourquoi moi ? Pourquoi cette souffrance ? Où est la justice de Dieu ? »
Alors, du sein d’une tempête, une voix retentit, puissante et majestueuse. C’était la voix de l’Éternel, le Créateur des cieux et de la terre. La tempête grondait, les éclairs déchiraient le ciel, et les vents hurlaient comme des loups affamés. Et dans ce tumulte, Dieu parla à Job.
« Qui est celui qui obscurcit mes desseins par des paroles sans connaissance ? » demanda le Seigneur, Sa voix résonnant comme le tonnerre. « Ceins tes reins comme un homme, car je vais t’interroger, et tu me répondras. »
Job, tremblant, se leva, ses yeux fixés sur la tempête. Il sentait la puissance de Dieu l’envelopper, comme une main géante qui le soulevait de la poussière. Il ne pouvait que se taire, attendant la suite.
« Où étais-tu quand j’ai fondé la terre ? » demanda Dieu, Sa voix emplie d’autorité. « Dis-le-moi, si tu as de l’intelligence. Qui en a fixé les dimensions, le sais-tu ? Ou qui a étendu sur elle le cordeau ? Sur quoi ses bases sont-elles appuyées ? Qui en a posé la pierre angulaire, alors que les étoiles du matin éclataient en chants d’allégresse, et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie ? »
Job resta silencieux, son esprit ébloui par l’image que Dieu dépeignait. Il voyait, dans son imagination, la terre naissante, suspendue dans le vide, enveloppée de ténèbres, puis illuminée par la lumière divine. Les étoiles, comme des chœurs célestes, chantaient la gloire du Créateur.
« As-tu jamais commandé aux portes de la mer ? » continua Dieu, Sa voix grondant comme les vagues. « As-tu pénétré jusqu’aux sources de l’abîme, ou t’es-tu promené dans les profondeurs de l’océan ? Les portes de la mort t’ont-elles été révélées ? As-tu vu les portes de l’ombre de la mort ? Comprends-tu l’étendue de la terre ? Dis-le-moi, si tu sais tout cela. »
Job sentit son cœur battre plus fort. Il réalisait à quel point il était petit, insignifiant face à la grandeur de Dieu. Les océans, les abîmes, les ténèbres de la mort – tout cela était sous le contrôle du Tout-Puissant. Comment pouvait-il, simple mortel, prétendre comprendre les voies de Dieu ?
« Où est le chemin où habite la lumière ? » demanda encore Dieu, Sa voix devenant plus douce, comme un murmure dans le vent. « Et les ténèbres, où ont-elles leur demeure ? Pourrais-tu les conduire à leur domaine, et connaître les sentiers de leur maison ? Tu le sais, n’est-ce pas, car tu étais déjà né, et le nombre de tes jours est grand ! »
Job baissa la tête, humilié. Il comprenait maintenant que ses questions, bien que sincères, étaient empreintes d’ignorance. Il avait osé défier Dieu, Lui qui avait créé l’univers et en maintenait l’ordre.
« As-tu pénétré dans les réserves de la neige ? » demanda Dieu, Sa voix redevenant puissante. « As-tu vu les arsenaux de la grêle, que je réserve pour les temps de détresse, pour les jours de guerre et de combat ? Par quel chemin la lumière se divise-t-elle, et le vent d’est se répand-il sur la terre ? Qui a creusé des canaux pour les pluies diluviennes, et tracé la route de l’éclair et du tonnerre, pour faire pleuvoir sur une terre inhabitée, sur un désert où il n’y a point d’homme, pour abreuver les solitudes arides, et faire germer l’herbe verte ? »
Job sentit des larmes couler sur ses joues. Il voyait maintenant la main de Dieu dans chaque détail de la création. La neige, la grêle, la pluie, l’éclair – tout cela était l’œuvre du Créateur, qui pourvoyait à chaque besoin de Sa création.
« Est-ce toi qui donnes la force au cheval, et qui revêts son cou d’une crinière flottante ? » demanda Dieu, Sa voix prenant un ton presque poétique. « Est-ce toi qui le fais bondir comme la sauterelle, et dont le hennissement inspire la terreur ? Il creuse le sol avec ardeur, il se précipite au combat, il se rit de la peur, il ne recule pas devant l’épée. Sur lui résonnent le carquois, la lance étincelante et le javelot. Avec fougue et fureur, il dévore la terre, et ne peut se contenir quand retentit la trompette. »
Job imaginait le cheval, puissant et majestueux, galopant à travers les plaines, insoumis et libre. Il comprenait que même la force et la beauté des animaux étaient un don de Dieu.
« Est-ce par ta sagesse que l’épervier prend son vol, et déploie ses ailes vers le sud ? » continua Dieu, Sa voix devenant plus douce, presque tendre. « Est-ce toi qui ordonnes à l’aigle de s’élever, et de bâtir son nid sur les hauteurs ? Il habite les rochers escarpés, il se tient sur les cimes des montagnes inaccessibles. De là, il guette sa proie, ses yeux perçants la discernent de loin. Ses petits boivent le sang, et là où sont les cadavres, il est présent. »
Job sentit un frisson parcourir son corps. Il réalisait que même les oiseaux du ciel, dans leur liberté et leur instinct, étaient guidés par la main de Dieu. Rien n’échappait à Sa providence.
Alors, Dieu se tut, laissant le silence s’installer, un silence lourd de sens. Job, les genoux tremblants, tomba à terre, le visage contre le sol.
« Je suis indigne, Seigneur, » murmura-t-il, sa voix brisée par l’émotion. « Que puis-je Te répondre ? Je mets ma main sur ma bouche. J’ai parlé sans comprendre, j’ai prononcé des paroles que je ne connaissais pas. Écoute-moi, je Te prie, et je parlerai ; je T’interrogerai, et Tu m’instruiras. »
Dieu, dans Sa miséricorde, ne condamna pas Job. Au contraire, Il lui révéla Sa grandeur, Sa sagesse et Sa souveraineté. Job comprit que ses souffrances, bien que douloureuses, avaient un but dans le plan divin. Il apprit à faire confiance à Dieu, même dans les ténèbres.
Et ainsi, dans la tempête, Job trouva la paix. Non pas parce qu’il avait reçu des réponses à toutes ses questions, mais parce qu’il avait rencontré le Dieu vivant, Celui qui tient l’univers dans Sa main et qui, dans Sa sagesse infinie, fait toutes choses pour le bien de ceux qui L’aiment.