**1 Samuel 26 : La Miséricorde de David envers Saül**
Dans les vastes étendues désertiques de Ziph, où le vent soufflait avec une douceur mélancolique et où les collines rocheuses se dressaient comme des sentinelles silencieuses, David se trouvait une fois de plus en fuite. Saül, le roi d’Israël, obsédé par sa jalousie envers David, avait rassemblé trois mille hommes d’élite pour le traquer. Le cœur de David était lourd, non pas à cause de la peur, mais à cause de la tristesse de voir celui qu’il avait autrefois servi avec loyauté devenir son ennemi acharné.
Un soir, alors que le soleil plongeait derrière les montagnes, David se tenait à l’entrée de la grotte où il se cachait avec ses hommes. Abishaï, son neveu et l’un de ses guerriers les plus fidèles, s’approcha de lui. « David, » murmura-t-il, « les éclaireurs rapportent que Saül et ses hommes campent non loin d’ici, sur la colline de Hakila. Ils sont endormis, et leur camp est silencieux. »
David réfléchit un moment, puis se tourna vers Abishaï. « Viens, allons voir. » Les deux hommes, vêtus de manteaux sombres pour se fondre dans la nuit, se glissèrent hors de la grotte et se dirigèrent vers le camp de Saül. La lune, pleine et brillante, éclairait leur chemin, jetant des ombres mystérieuses sur le sol rocailleux.
Lorsqu’ils arrivèrent près du camp, David et Abishaï virent Saül endormi au centre, entouré de ses soldats. Abner, le commandant de l’armée, reposait à ses côtés. Le silence régnait, brisé seulement par le souffle régulier des dormeurs. Abishaï, voyant l’occasion, chuchota à David : « Dieu a livré ton ennemi entre tes mains. Laisse-moi le transpercer de ma lance, une seule fois, et ce sera fini. »
Mais David, bien que tenté par la facilité de cette solution, secoua la tête. « Ne le tue pas, » murmura-t-il. « Qui peut porter la main sur l’oint de l’Éternel et rester innocent ? Non, laissons à Dieu le soin de juger Saül. Peut-être que l’Éternel le frappera, ou que son jour viendra pour mourir, ou qu’il descendra au combat et périra. Mais que l’Éternel me garde de porter la main sur celui qu’il a oint. »
Au lieu de cela, David prit la lance et la cruche d’eau qui se trouvaient à côté de Saül, symboles de son autorité et de sa protection. Puis, sans faire de bruit, David et Abishaï quittèrent le camp et retournèrent à leur refuge.
Une fois à une distance sûre, David se posta sur une colline voisine et cria à haute voix : « Abner, fils de Ner, ne répondras-tu pas ? » Abner, réveillé en sursaut, répondit avec irritation : « Qui es-tu, toi qui cries vers le roi ? »
David continua, sa voix résonnant dans la nuit : « N’es-tu pas un homme, Abner ? Qui est comme toi en Israël ? Pourquoi donc n’as-tu pas gardé ton seigneur, le roi ? Quelqu’un est venu pour tuer le roi, ton seigneur. Ce que tu as fait là n’est pas bien. Aussi vrai que l’Éternel est vivant, vous méritez la mort pour n’avoir pas veillé sur votre maître, l’oint de l’Éternel. Regarde donc où sont la lance du roi et la cruche d’eau qui étaient à son chevet. »
Saül, reconnaissant la voix de David, s’écria : « Est-ce bien toi, David, mon fils ? » David répondit : « C’est moi, ô roi, mon seigneur. Pourquoi donc mon seigneur poursuit-il son serviteur ? Qu’ai-je fait, et quel mal y a-t-il en moi ? Si c’est l’Éternel qui t’a excité contre moi, qu’il accepte une offrande. Mais si ce sont des hommes, qu’ils soient maudits devant l’Éternel, car ils m’ont chassé aujourd’hui de ma place auprès de l’héritage de l’Éternel, en disant : Va, sers d’autres dieux. Et maintenant, que mon sang ne tombe pas à terre loin de la face de l’Éternel, car le roi d’Israël s’est mis en marche pour chercher une puce, comme on chasserait une perdrix dans les montagnes. »
Saül, ému par les paroles de David, répondit : « J’ai péché. Reviens, David, mon fils, car je ne te ferai plus de mal, puisque ma vie a été précieuse à tes yeux aujourd’hui. J’ai agi comme un insensé, et je me suis grandement trompé. »
David, cependant, ne se fiait pas à ces paroles. Il savait que le cœur de Saül était instable. « Voici la lance du roi, » dit-il. « Qu’un des jeunes hommes vienne la prendre. L’Éternel rendra à chacun selon sa justice et sa fidélité. Aujourd’hui, l’Éternel t’a livré entre mes mains, mais je n’ai pas voulu porter la main sur l’oint de l’Éternel. Que l’Éternel me traite avec la même bonté que j’ai eue envers toi aujourd’hui. »
Saül, profondément touché, bénit David : « Tu es plus juste que moi, car tu m’as rendu le bien, tandis que je t’ai rendu le mal. Aujourd’hui, tu as montré combien tu es bon envers moi, car l’Éternel m’avait livré entre tes mains, et tu ne m’as pas tué. Que l’Éternel te récompense pour ce que tu as fait aujourd’hui. Et maintenant, je sais que tu régneras certainement, et que le royaume d’Israël sera affermi entre tes mains. »
Ainsi, David et Saül se séparèrent ce soir-là, chacun suivant son chemin. David, confiant dans la justice de l’Éternel, continua à errer dans le désert, tandis que Saül retourna à son palais, le cœur lourd de remords. Mais la grâce de David envers son ennemi resta un témoignage éclatant de sa foi et de son respect pour la souveraineté de Dieu.