**L’histoire de Paul devant le gouverneur Félix**
En ces jours-là, cinq jours après l’arrivée de Paul à Césarée, le grand prêtre Ananias descendit de Jérusalem avec quelques anciens et un orateur nommé Tertulle. Ils se présentèrent devant le gouverneur Félix pour porter des accusations contre Paul. La salle du tribunal était imposante, avec des colonnes de marbre blanc et des tentures pourpres qui tombaient en plis majestueux. Félix, assis sur son siège élevé, portait une toge bordée de pourpre, symbole de son autorité romaine. Son visage était sévère, mais ses yeux trahissaient une curiosité attentive.
Tertulle, l’orateur, s’avança et commença son discours avec une éloquence calculée. « Très excellent Félix, dit-il en s’inclinant légèrement, c’est grâce à ta sagesse et à ta clairvoyance que nous jouissons d’une paix durable dans cette province. Nous te sommes profondément reconnaissants pour tout ce que tu fais pour notre nation. Mais aujourd’hui, nous sommes venus exposer une affaire qui menace cette paix. »
Il fit une pause, laissant ses paroles résonner dans la salle silencieuse. Puis, pointant un doigt accusateur vers Paul, qui se tenait debout, les mains enchaînées mais le visage serein, Tertulle continua : « Cet homme est une peste, un fauteur de troubles qui sème la discorde parmi tous les Juifs à travers le monde. Il est le chef de la secte des Nazaréens. De plus, il a tenté de profaner le temple, ce lieu saint que nous respectons tous. Nous l’avons arrêté, et nous aurions pu le juger selon notre loi, mais le tribun Lysias est intervenu avec violence et l’a arraché de nos mains, ordonnant que ses accusateurs comparaissent devant toi. Interroge-le toi-même, et tu verras que tout ce que nous disons est vrai. »
Les Juifs qui accompagnaient Tertulle hochèrent la tête avec conviction, murmurant leur accord. Leurs regards étaient remplis de haine et de mépris envers Paul, cet homme qui osait défier leurs traditions et prêcher une voie nouvelle.
Félix fit un signe de la main, et Paul s’avança. Malgré ses chaînes, il se tenait droit, son visage reflétant une paix intérieure qui contrastait avec l’agitation de ses accusateurs. Il commença à parler d’une voix calme mais ferme : « Je sais que depuis de nombreuses années tu es juge de cette nation, et c’est avec confiance que je me défends devant toi. Tu peux vérifier qu’il n’y a pas plus de douze jours que je suis monté à Jérusalem pour adorer. Mes accusateurs ne m’ont trouvé ni dans le temple en train de discuter avec quelqu’un, ni en train de soulever une foule, ni dans les synagogues, ni dans la ville. Ils ne peuvent prouver aucune des accusations qu’ils portent contre moi. »
Paul fit une pause, puis continua : « Je t’avoue cependant que je sers le Dieu de nos pères selon la voie qu’ils appellent une secte. Je crois tout ce qui est écrit dans la loi et les prophètes, et j’ai en Dieu l’espérance, comme eux-mêmes l’ont aussi, qu’il y aura une résurrection des justes et des injustes. C’est pourquoi je m’efforce d’avoir constamment une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes. »
Le regard de Félix s’intensifia. Il était intrigué par cet homme qui parlait avec une telle assurance et une telle paix, malgré les accusations graves portées contre lui. Félix connaissait bien la voie des Nazaréens, car il avait entendu parler de cette nouvelle croyance qui se répandait rapidement. Il décida de suspendre le procès et dit : « Quand le tribun Lysias sera venu, j’examinerai votre affaire plus en détail. »
Il ordonna alors que Paul soit gardé sous surveillance, mais avec une certaine liberté. Ses amis pouvaient lui rendre visite et pourvoir à ses besoins. Quelques jours plus tard, Félix, accompagné de sa femme Drusille, qui était juive, fit venir Paul pour l’entendre parler de la foi en Jésus-Christ. Paul, rempli de l’Esprit Saint, parla avec une profonde conviction de la justice, de la maîtrise de soi et du jugement à venir.
Félix, ému et troublé par ces paroles, répondit : « Pour le moment, retire-toi. Quand j’en aurai l’occasion, je te rappellerai. » Mais en réalité, Félix espérait que Paul lui offrirait de l’argent pour être libéré. C’est pourquoi il le fit venir souvent pour s’entretenir avec lui. Cependant, deux années passèrent, et Paul resta en prison, bien que Félix eût l’occasion de le libérer. Il voulait faire plaisir aux Juifs et garda Paul enchaîné.
Ainsi, Paul demeura à Césarée, prêchant l’Évangile à ceux qui venaient le voir, attendant patiemment que la volonté de Dieu s’accomplisse. Et bien que les hommes cherchaient à le retenir, la Parole de Dieu, elle, ne pouvait être enchaînée.