**Le Massacre de Guéba et la Trahison d’Ismaël**
En ces jours tumultueux, après la chute de Jérusalem et la déportation d’une grande partie du peuple de Juda à Babylone, la terre de Juda était plongée dans le chaos et la désolation. Les villes étaient en ruines, les champs abandonnés, et le peuple restant vivait dans la crainte et l’incertitude. C’est dans ce contexte que se déroula l’histoire tragique d’Ismaël, fils de Nethania, et de son acte de trahison qui plongea encore davantage le peuple dans le deuil.
Après que Nebuzaradan, le chef des gardes de Nebucadnetsar, roi de Babylone, eut emmené captifs les habitants de Jérusalem, il laissa derrière lui quelques-uns des plus pauvres du pays pour cultiver les vignes et les champs. Il établit Guedalia, fils d’Achikam, comme gouverneur sur eux. Guedalia, homme juste et craignant Dieu, chercha à rétablir un semblant de paix et de prospérité parmi ceux qui restaient. Il les exhorta à ne pas craindre les Chaldéens, mais à servir le roi de Babylone et à rester dans le pays, promettant que tout irait bien pour eux s’ils obéissaient.
Cependant, la paix était fragile. Ismaël, fils de Nethania, un homme de sang royal, nourrissait dans son cœur une ambition dévorante et une jalousie envers Guedalia. Il ne pouvait supporter de voir un homme de moindre lignée que lui gouverner le reste de Juda. Ismaël, influencé par Baalis, le roi des Ammonites, qui cherchait à semer la discorde parmi les Juifs, complota contre Guedalia.
Un jour, Ismaël se rendit à Mitspa, où Guedalia résidait. Il était accompagné de dix hommes, tous aussi déterminés et impitoyables que lui. Guedalia, ignorant leur intention meurtrière, les reçut avec hospitalité. Il organisa un festin en leur honneur, partageant avec eux du pain et du vin, ignorant que ces hommes venaient pour le trahir.
Au milieu du repas, alors que la conversation était joyeuse et que Guedalia se réjouissait de la présence de ses invités, Ismaël et ses hommes tirèrent leurs épées. Dans un instant, la salle fut remplie de cris et de confusion. Guedalia, le gouverneur juste et bienveillant, fut frappé à mort, ainsi que les Juifs et les Chaldéens qui étaient avec lui. Le sang coula sur le sol, et la trahison d’Ismaël fut consommée.
Mais la cruauté d’Ismaël ne s’arrêta pas là. Le lendemain, avant que la nouvelle du massacre ne se répande, quatre-vingts hommes arrivèrent de Sichem, de Silo et de Samarie. Ils avaient la barbe rasée, les vêtements déchirés et s’étaient fait des incisions sur le corps, signes de deuil et de repentance. Ils portaient des offrandes de grain et d’encens pour la maison de l’Éternel, cherchant à adorer Dieu dans ce temps de grande détresse.
Ismaël sortit à leur rencontre, feignant la compassion et l’hospitalité. Il les invita à entrer dans la ville, leur disant : « Venez vers Guedalia, fils d’Achikam. » Mais dès qu’ils furent à l’intérieur, Ismaël et ses hommes les massacrèrent sans pitié et jetèrent leurs corps dans une citerne. Seuls dix hommes échappèrent au carnage en promettant de révéler à Ismaël des trésors cachés dans les champs.
La citerne, qui avait été creusée par le roi Asa pour se protéger de Baescha, roi d’Israël, fut remplie des corps de ces hommes innocents. Ismaël, insensible à leurs cris et à leurs supplications, accomplissait ainsi un acte de barbarie qui souillerait à jamais son nom.
Cependant, la justice divine ne tarde jamais. Johanan, fils de Karéach, et les autres chefs des forces qui étaient restés fidèles à Guedalia, apprirent ce qu’Ismaël avait fait. Remplis d’indignation et de douleur, ils rassemblèrent leurs hommes et partirent à la poursuite du traître. Ils le rattrapèrent près des grandes eaux de Gabaon.
Ismaël, voyant qu’il ne pourrait échapper à la justice, abandonna ses captifs et s’enfuit avec huit de ses hommes vers les Ammonites. Les captifs, libérés, se réjouirent, mais leur cœur était lourd de tout ce qu’ils avaient enduré.
Ainsi, la trahison d’Ismaël, fils de Nethania, plongea une fois de plus le peuple de Juda dans le deuil et la désolation. Cet acte cruel rappelait au peuple que même dans les moments les plus sombres, la méchanceté des hommes peut causer encore plus de souffrance. Mais à travers tout cela, la main de Dieu était visible, rappelant à Son peuple que la justice et la vérité finiraient par triompher, même dans les temps les plus difficiles.
Et ainsi, l’histoire d’Ismaël et de son massacre à Guéba resta gravée dans la mémoire du peuple, un rappel sombre des conséquences de la trahison et de la méchanceté, mais aussi un témoignage de la fidélité de Dieu envers ceux qui Le cherchent avec un cœur sincère.