**1 Samuel 8 : Le peuple demande un roi**
En ces jours-là, Samuel était devenu vieux. Ses cheveux avaient blanchi sous le poids des années, et ses pas, autrefois fermes et décidés, étaient maintenant plus lents. Il avait consacré sa vie à servir l’Éternel et à guider le peuple d’Israël comme juge. Mais le temps avait fait son œuvre, et Samuel, conscient de ses limites, avait établi ses fils, Joël et Abija, comme juges à Béer-Shéba. Cependant, ces derniers ne marchaient pas dans les voies de leur père. Ils étaient avides de gain, acceptaient des pots-de-vin et pervertissaient la justice. Le peuple, témoin de leurs agissements, murmurait de plus en plus fort.
Un jour, les anciens d’Israël se rassemblèrent et vinrent trouver Samuel à Rama. Le soleil était haut dans le ciel, et ses rayons illuminaient le visage grave des hommes qui s’approchaient. Ils s’arrêtèrent devant Samuel, et l’un d’eux, portant une barbe grisonnante et un regard empreint de détermination, prit la parole :
« Samuel, tu es devenu vieux, et tes fils ne marchent pas sur tes traces. Maintenant, établis sur nous un roi pour nous juger, comme il y en a chez toutes les nations. »
Ces paroles frappèrent Samuel comme un coup de tonnerre. Il sentit son cœur se serrer, car il comprit que cette demande n’était pas seulement une question de gouvernance, mais un rejet de l’autorité divine. Le peuple ne voulait plus que l’Éternel soit leur roi ; ils désiraient un homme à leur tête, comme les nations environnantes. Samuel se tourna vers l’Éternel dans la prière, cherchant conseil et réconfort.
La nuit tombait, et les étoiles commençaient à scintiller dans le ciel sombre. Samuel, agenouillé dans sa chambre, entendit la voix de l’Éternel lui parler :
« Écoute la voix du peuple dans tout ce qu’ils te diront, car ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux. Ils agissent envers toi comme ils ont toujours agi depuis le jour où je les ai fait monter d’Égypte jusqu’à ce jour : ils m’ont abandonné et ont servi d’autres dieux. Fais-leur donc entendre les droits du roi qui régnera sur eux. »
Le lendemain, Samuel convoqua le peuple et leur transmit les paroles de l’Éternel. Sa voix, bien que vieillie, portait une autorité divine. Il les avertit solennellement :
« Voici quels seront les droits du roi qui régnera sur vous. Il prendra vos fils et les affectera à ses chars et à sa cavalerie, et ils courront devant son char. Il les enrôlera comme soldats, forgerons, ouvriers des champs et fabricants d’armes. Il prendra vos filles pour en faire des parfumeuses, des cuisinières et des boulangères. Il s’emparera de vos meilleurs champs, de vos vignes et de vos oliviers pour les donner à ses serviteurs. Il prélèvera la dîme de vos récoltes et de vos vignes pour la distribuer à ses officiers et à ses serviteurs. Il prendra vos serviteurs et vos servantes, vos meilleurs bœufs et vos ânes, et les fera travailler pour lui. Il prélèvera la dîme de vos troupeaux, et vous-mêmes serez ses esclaves. Alors, vous crierez à cause du roi que vous vous serez choisi, mais l’Éternel ne vous répondra pas. »
Le silence régnait dans l’assemblée. Les visages étaient graves, certains baissaient les yeux, d’autres échangeaient des regards inquiets. Mais le peuple, obstiné, refusa d’écouter Samuel. Ils s’écrièrent d’une seule voix :
« Non ! Il nous faut un roi ! Nous voulons être comme toutes les nations ; notre roi nous jugera, il marchera à notre tête et conduira nos guerres. »
Samuel entendit ces paroles et sentit une tristesse profonde l’envahir. Il se tourna une nouvelle fois vers l’Éternel, qui lui dit :
« Écoute leur voix et établis un roi sur eux. »
Ainsi, Samuel renvoya le peuple, leur promettant de revenir vers eux une fois qu’il aurait trouvé un homme digne de régner sur Israël. Mais dans son cœur, il savait que cette demande marquait un tournant dans l’histoire de son peuple. Ils avaient choisi de se détourner de l’Éternel, leur véritable roi, pour placer leur confiance en un homme. Et Samuel, bien qu’obéissant à la volonté divine, ne pouvait s’empêcher de craindre les conséquences de ce choix.
Ainsi commença une nouvelle ère pour Israël, une ère où le peuple, aveuglé par ses désirs, allait apprendre à ses dépens que la véritable sécurité et la justice ne se trouvent qu’en Dieu seul.