**Le Sage et le Fou : Une Histoire Inspirée de l’Ecclésiaste 10**

Le soleil se levait sur Jérusalem, dorant les pierres blanches des murailles et réchauffant les ruelles étroites où déjà s’affairaient les marchands. Dans une petite maison près de la porte de la ville, un vieil homme nommé Eliab méditait sur les paroles de l’Ecclésiaste. Sa barbe grisonnante tremblait légèrement tandis qu’il murmurait : *« Une mouche morte peut gâter un parfum précieux ; un peu de folie l’emporte sur la sagesse et sur la gloire. »* (Ecclésiaste 10:1).

Eliab était connu pour sa sagesse, mais ce matin-là, son cœur était lourd. Il avait entendu parler des agissements du nouveau conseiller du roi, un homme orgueilleux nommé Shemer. Bien que jeune et inexpérimenté, Shemer avait su flatter le souverain pour obtenir une haute position. *« Malheur à toi, pays dont le roi est un enfant et dont les princes mangent dès le matin ! »* (Ecclésiaste 10:16), soupira Eliab.

Alors qu’il sortait pour se rendre au marché, il aperçut Shemer, vêtu de riches étoffes, traversant la place avec arrogance. Ses gardes écartaient brutalement les pauvres et les vieillards. Un jeune garçon, portant une cruche d’eau, fut bousculé et tomba, répandant son précieux fardeau. Shemer éclata de rire et continua son chemin sans un regard.

Eliab s’approcha et aida l’enfant à se relever. *« Vois-tu, mon fils, le cœur du sage est à sa droite, mais le cœur de l’insensé est à sa gauche. Même lorsqu’il marche sur le chemin, l’insensé manque de sens, et il dit de chacun : “C’est un fou !” »* (Ecclésiaste 10:2-3). Le garçon, les yeux brillants de larmes, demanda : *« Pourquoi les hommes comme lui gouvernent-ils, alors qu’ils ne pensent qu’à eux-mêmes ? »*

Eliab lui répondit avec douceur : *« Si l’esprit du dirigeant s’élève contre toi, ne quitte pas ta place, car le calme prévient de grandes fautes. »* (Ecclésiaste 10:4). Il expliqua que la folie des puissants finit toujours par les perdre, tandis que la sagesse, même humble, porte du fruit en son temps.

Plus tard dans la journée, Eliab fut convoqué au palais. Le roi, troublé par des rêves étranges, cherchait des conseils. Shemer, voulant impressionner, proposa des solutions extravagantes : augmenter les impôts pour construire une grande tour en l’honneur du roi. Le peuple murmurait déjà de colère à cause des taxes.

Eliab s’avança alors et dit : *« Celui qui creuse une fosse y tombera, et celui qui renverse une muraille sera mordu par un serpent. »* (Ecclésiaste 10:8). Il conseilla plutôt la modération, suggérant d’écouter les besoins des artisans et des fermiers. Le roi, impressionné par sa sagesse, suivit ses avis.

Furieux, Shemer complota pour faire tomber Eliab. Il répandit des rumeurs et manipula des témoins. Mais un jour, alors qu’il inspectait des travaux qu’il avait ordonnés à la hâte, une poutre mal fixée s’effondra sur lui. *« Celui qui remue des pierres en sera blessé, celui qui fend du bois en éprouvera du danger. »* (Ecclésiaste 10:9).

Le roi, voyant la vérité, renvoya Shemer et rétablit la paix dans le royaume. Eliab, bien que n’ayant jamais recherché la gloire, fut honoré. Un soir, assis sous un olivier, il enseignait à des disciples : *« Les paroles de la bouche du sage sont pleines de grâce, mais les lèvres de l’insensé causent sa perte. »* (Ecclésiaste 10:12).

Ainsi, la sagesse triompha, non par la force, mais par la persévérance et la crainte de l’Éternel. Car, comme l’avait écrit le Qohéleth : *« La sagesse vaut mieux que les instruments de guerre, mais un seul pécheur détruit beaucoup de bien. »* (Ecclésiaste 9:18).

Et sous le ciel infini de Judée, la leçon resta gravée dans les cœurs : la folie mène à la ruine, mais la sagesse, même dans l’ombre, construit pour l’éternité.