Bible Sacrée

**Saül et la Nécromancienne d’En-Dor** (99 caractères)

**La Consultation de la Nécromancienne à En-Dor**

Le roi Saül se tenait sur les hauteurs de Guilboa, le regard perdu dans l’obscurité qui enveloppait le camp des Philistins. Le vent soufflait en rafales glacées, faisant claquer sa tunique royale contre son armure. Son cœur était lourd d’une angoisse qu’il n’avait jamais connue auparavant. Les armées ennemies s’étaient rassemblées à Schunem, innombrables comme les grains de sable sur le rivage, et lui, Saül, tremblait devant l’Éternel qui s’était détourné de lui.

Depuis que le prophète Samuel était mort et enterré à Rama, plus aucune parole divine ne lui était parvenue. Les songes étaient silencieux, les urim et thummim muets, et les prophètes ne lui apportaient que des regards pleins de pitié. La peur le rongeait, comme un feu dévorant ses entrailles.

Soudain, une pensée sombre traversa son esprit. Il avait lui-même banni du pays tous les nécromanciens et ceux qui évoquaient les esprits, selon la loi de Moïse. Mais dans son désespoir, il se dit : *« Peut-être qu’une femme qui évoque les morts pourrait me parler de Samuel. »*

Il appela deux de ses serviteurs les plus fidèles, des hommes dont il savait qu’ils garderaient son secret.

— *« Cherchez-moi une femme qui évoque les esprits. Je veux aller la consulter cette nuit même. »*

Les serviteurs échangèrent un regard inquiet, mais ils ne discutèrent pas l’ordre de leur roi. Après quelques heures de recherche, ils revinrent vers lui.

— *« Il y a une telle femme à En-Dor, cachée dans une grotte à l’écart du village. »*

Sous le couvert des ténèbres, Saül se déguisa. Il ôta son manteau royal, revêtit des habits simples, et se couvrit le visage d’un voile. Accompagné de ses deux serviteurs, il traversa les collines désertes jusqu’à la grotte d’En-Dor. La lune, voilée par les nuages, ne dispensait qu’une faible lueur, comme si la création elle-même réprouvait cette entreprise.

La femme était assise près d’un feu bas, les ombres dansant sur les parois rocheuses. Lorsqu’elle vit les trois hommes approcher, elle se raidit, soupçonneuse.

— *« Que me voulez-vous ? »* demanda-t-elle d’une voix rauque.

Saül prit la parole, dissimulant son identité.

— *« Évoque pour moi un mort, celui que je te nommerai. »*

La femme le fixa avec méfiance.

— *« Vous savez bien que le roi a interdit ces pratiques. Pourquoi tendez-vous un piège à ma vie ? »*

Mais Saül leva la main et jura par l’Éternel :

— *« Aussi vrai que Dieu vit, il ne t’arrivera aucun mal pour cette affaire. »*

Alors, elle demanda :

— *« Qui dois-je faire monter pour toi ? »*

— *« Fais-moi monter Samuel. »*

À ces mots, la femme poussa un cri étouffé. Ses yeux s’écarquillèrent, et elle recula, comme si une présence invisible venait de remplir la grotte.

— *« Pourquoi m’as-tu trompée ? Tu es Saül ! »*

Le roi, réalisant qu’elle avait vu la vérité, lui répondit d’une voix tremblante :

— *« N’aie pas peur. Dis-moi ce que tu vois. »*

La femme, le visage déformé par une terreur sacrée, murmura :

— *« Je vois un ancien qui monte de la terre, enveloppé d’un manteau. »*

Saül comprit aussitôt que c’était Samuel. Il se prosterna face contre terre, saisi d’une crainte profonde.

Alors, la voix de Samuel retentit, non comme un murmure spectral, mais avec l’autorité d’autrefois :

— *« Pourquoi as-tu troublé mon repos en me faisant monter ? »*

Saül, la voix brisée, répondit :

— *« Je suis dans une grande détresse. Les Philistins me font la guerre, et Dieu s’est retiré de moi. Il ne me répond plus, ni par les prophètes ni par les songes. Alors, je t’ai appelé pour que tu me dises ce que je dois faire. »*

Le regard de Samuel, bien que voilé par la mort, semblait percer l’âme de Saül.

— *« Pourquoi me consultes-tu, alors que l’Éternel s’est détourné de toi et est devenu ton ennemi ? Il a déchiré la royauté de tes mains et l’a donnée à David, parce que tu n’as pas obéi à Sa voix. Demain, toi et tes fils, vous serez avec moi. L’Éternel livrera Israël entre les mains des Philistins. »*

À ces mots, Saül s’effondra, terrassé par l’horreur de la prophétie. Ses forces l’abandonnèrent, et il resta étendu sur le sol, incapable de se relever.

La femme, voyant son état, s’approcha avec compassion.

— *« Écoute, ton servante a obéi à ta voix. Maintenant, permets-moi de te donner un peu de pain, afin que tu reprennes des forces avant de partir. »*

Mais Saül refusa d’abord, accablé. Ses serviteurs insistèrent, et finalement, il accepta. La femme leur servit du pain sans levain et de la viande, et ils mangèrent. Puis, dans la nuit encore sombre, ils quittèrent En-Dor, retournant vers leur camp sous le poids d’une condamnation inévitable.

Ainsi s’accomplit la parole de l’Éternel contre Saül, roi déchu, qui avait cherché une réponse parmi les morts alors que le Dieu vivant l’avait abandonné.

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