**La Plainte d’Habacuc et la Réponse de l’Éternel**
Dans un temps de troubles et d’injustice, le prophète Habacuc se tenait sur les remparts de Jérusalem, le cœur lourd et l’esprit agité. Le royaume de Juda était plongé dans le chaos : la violence régnait, les lois étaient méprisées, et les justes étaient opprimés. Les cris des innocents montaient vers le ciel, mais Dieu semblait se taire.
Habacuc, homme de foi mais bouleversé par ce qu’il voyait, éleva sa voix vers l’Éternel dans une prière ardente :
*« Jusqu’à quand, ô Éternel, crierai-je sans que tu entendes ? Jusqu’à quand supplierai-je contre la violence, et tu ne secourras point ? Pourquoi me fais-tu voir l’iniquité, et contemples-tu l’oppression ? Devant moi il n’y a que ravage et violence, les disputes s’élèvent, les querelles se multiplient. »*
Son âme était en tourment. La loi de Dieu était paralysée, la justice ne triomphait jamais. Les méchants encerclaient les justes, et le droit était perverti. Habacuc attendait une réponse, une intervention divine qui rétablirait l’ordre.
Alors, l’Éternel répondit à son serviteur. Sa voix résonna comme un tonnerre dans le cœur du prophète :
*« Regarde parmi les nations, observe, sois stupéfait, sois étonné ; car je vais faire une œuvre en vos jours que vous ne croiriez pas si on vous la racontait. Voici, je vais susciter les Chaldéens, ce peuple impétueux et farouche, qui traverse de vastes étendues pour s’emparer de demeures qui ne sont pas à lui. »*
Habacuc sentit un frisson le parcourir. Les Chaldéens, ces guerriers redoutables, aussi rapides que les léopards, plus féroces que les loups du soir ! Leurs chevaux étaient plus agiles que les panthères, leurs cavaliers fondaient comme l’aigle sur sa proie. Ils venaient pour la violence, leur visage était tourné vers l’avant, et ils amassaient les captifs comme le sable.
*« Ils se moquent des rois, et les princes sont pour eux un objet de risée. Ils rient de toutes les forteresses, ils entassent de la terre et les prennent. »*
Le prophète trembla. Comment Dieu pouvait-il utiliser un peuple encore plus cruel que les pécheurs de Juda pour les châtier ? Les Chaldéens ne rendaient hommage qu’à leur propre force, adorant leur puissance comme un dieu. Leurs armées avançaient comme le vent du désert, balayant tout sur leur passage.
Habacuc, bien que rassuré que Dieu agisse, fut saisi d’une nouvelle angoisse. Il osa une seconde plainte, plus profonde encore :
*« Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, tu ne peux regarder l’iniquité. Pourquoi regardes-tu ceux qui agissent perfidement, et gardes-tu le silence quand le méchant engloutit celui qui est plus juste que lui ? »*
Il comprenait que le jugement devait venir, mais comment un Dieu saint pouvait-il se servir d’un instrument aussi impie ? Les Chaldéens pêchaient sans repentance, jetant leurs filets sur les nations comme un pêcheur capture le poisson. Continuerait-il donc à les laisser impunis ?
L’Éternel n’avait pas encore terminé son dialogue avec Habacuc. La réponse finale viendrait plus tard, mais pour l’instant, le prophète devait apprendre une leçon cruciale : la justice divine dépasse la compréhension humaine, et les voies de Dieu, bien que mystérieuses, sont parfaites.
Ainsi, Habacuc, bien que troublé, se prépara à écouter la suite de la révélation, sachant qu’au milieu du chaos, le juste vivrait par sa foi.