**Le Rétablissement d’Israël sous Samuel**

En ces temps-là, le peuple d’Israël gémissait sous le poids de ses infidélités. Depuis vingt ans, l’arche de l’Éternel demeurait à Kirjath-Jearim, loin du sanctuaire de Silo, symbole douloureux de la gloire divine éclipsée par le péché. Les Philistins, ces ennemis redoutables, continuaient de dominer Israël, opprimant les villes et les campagnes, tandis que le peuple, accablé, cherchait en vain la délivrance.

C’est alors que Samuel, le prophète de l’Éternel, se leva comme une lumière dans les ténèbres. Revêtu de l’autorité divine, il parcourut les villages et les cités d’Israël, appelant les fils de Jacob à la repentance. Sa voix, grave et passionnée, retentissait dans les places publiques : *« Si vous revenez à l’Éternel de tout votre cœur, ô Israël, ôtez du milieu de vous les dieux étrangers et les Astartés, dirigez votre cœur vers l’Éternel, et servez-le lui seul ! Alors il vous délivrera de la main des Philistins. »*

Les paroles de Samuel pénétrèrent les cœurs comme une épée à deux tranchants. Lentement, mais avec une détermination croissante, les Israélites commencèrent à rejeter leurs idoles. Dans chaque maison, on vit des pères briser les statues de Baal, des mères arracher les amulettes païennes cachées sous les vêtements. Même les chefs des tribus, autrefois tièdes, se joignirent au mouvement de conversion.

Voyant ce changement, Samuel convoqua tout le peuple à Mitspa, une ville située sur les hauteurs, lieu symbolique où jadis Jacob et Laban avaient scellé leur alliance. Des milliers d’Israélites y affluèrent, venant de Dan jusqu’à Beer-Schéba. Ce jour-là, le ciel était lourd de promesses, et une solennité sacrée planait sur l’assemblée.

Samuel ordonna qu’on fasse monter de l’eau devant l’Éternel, et là, devant tous, il versa une libation en signe de purification. Puis, il éleva ses mains vers le ciel et pria avec une ferveur qui ébranla les cœurs. *« Seigneur, Dieu d’Israël, si nous avons péché contre toi, écoute aujourd’hui la voix de ton peuple ! »*

Alors que les cris de repentance s’élevaient vers le ciel, les Philistins, apprenant ce rassemblement, crurent à une révolte. Leurs chefs rassemblèrent leurs armées et marchèrent contre Mitspa, bien décidés à écraser cette nation qu’ils pensaient encore faible.

La nouvelle de leur approche sema la terreur parmi les Israélites. Les hommes tremblaient, se souvenant des défaites passées. Mais Samuel, inébranlable, prit un agneau sans défaut et l’offrit en holocauste à l’Éternel. Le feu consuma l’offrande, et au moment même où la fumée montait vers le ciel, un tonnerre retentit, non pas celui de la tempête, mais celui de la puissance divine.

L’Éternel répondit à son prophète. Une confusion soudaine s’abattit sur les Philistins. Leurs épées se retournèrent contre eux-mêmes, leurs chars s’embourbèrent, et une panique inexplicable les dispersa en tous sens. Les hommes d’Israël, voyant ce miracle, poussèrent un cri de guerre et se lancèrent à leur poursuite. De Mitspa jusqu’à Beth-Car, ils frappèrent les fuyards, libérant enfin leurs terres de l’oppresseur.

Pour commémorer cette victoire miraculeuse, Samuel prit une grande pierre et la dressa entre Mitspa et Schen. Il l’appela *Eben-Ezer*, « pierre du secours », en disant : *« Jusqu’ici l’Éternel nous a secourus. »*

Dès ce jour, la main de l’Éternel fut contre les Philistins, et leurs incursions cessèrent. Les villes qu’ils avaient prises, depuis Ekron jusqu’à Gath, furent restituées à Israël. Samuel, désormais juge sur tout le peuple, parcourait le pays chaque année, rendant la justice à Béthel, à Guilgal et à Mitspa, ramenant sans cesse le peuple vers la loi de Dieu.

Et la paix régna sur Israël.