**L’Oppression en Égypte**
En ces temps anciens, bien des années après la mort de Joseph et de ses frères, les enfants d’Israël avaient prospéré en Égypte. Le pays de Goshen, qui leur avait été accordé par Pharaon en reconnaissance des services de Joseph, était devenu une terre florissante où les Hébreux se multipliaient comme les étoiles dans le ciel. Leurs troupeaux paissaient dans les vertes prairies, leurs enfants jouaient dans les cours des maisons de briques, et leurs voix s’élevaient en louanges à l’Éternel, le Dieu de leurs pères.
Mais voici qu’un nouveau roi s’éleva sur l’Égypte, un Pharaon qui n’avait pas connu Joseph. Assis sur son trône d’or, entouré de ses conseillers et de ses prêtres, il regarda avec méfiance ce peuple étranger qui grandissait en nombre et en force. Un murmure d’inquiétude parcourut les couloirs du palais.
« Voyez, dit Pharaon à ses officiers, les fils d’Israël sont désormais plus nombreux et plus puissants que nous. Si la guerre éclate, ils pourraient se joindre à nos ennemis, combattre contre nous et quitter le pays ! »
Ses paroles, chargées de crainte et de jalousie, furent accueillies par des regards sombres. Ainsi commença le temps de l’oppression.
Pharaon ordonna que l’on impose aux Hébreux des travaux forcés, des corvées cruelles destinées à briser leur esprit. Des chefs de corvée furent établis sur eux, armés de fouets et de paroles dures. Les hommes d’Israël furent contraints de bâtir des villes-entrepôts pour Pharaon : Pithom et Ramsès. Sous un soleil brûlant, ils pétrissaient l’argile, fabriquaient des briques et transportaient des pierres, leurs dos courbés sous le poids de leur labeur.
Les cris des contremaîtres égyptiens retentissaient dans l’air : « Plus vite ! Encore plus de briques ! » Les fouets claquaient, laissant des marques rouges sur les peaux halées des ouvriers. Les femmes hébreues, voyant leurs maris rentrer le soir, épuisés et meurtris, essuyaient leurs fronts et priaient en silence.
Mais malgré cette oppression, le peuple d’Israël continuait à croître, comme une rivière qui ne peut être endiguée. Plus on les accablait, plus ils se multipliaient, répandant la crainte dans le cœur des Égyptiens.
Alors Pharaon, rongé par la frustration, convoqua les sages-femmes des Hébreux, des femmes courageuses nommées Shiphra et Poua. D’une voix glaciale, il leur ordonna : « Lorsque vous accoucherez les femmes des Hébreux, observez bien le sexe de l’enfant. Si c’est un garçon, tuez-le. Si c’est une fille, laissez-la vivre. »
Mais Shiphra et Poua craignaient Dieu plus que Pharaon. Elles refusèrent d’obéir à cet ordre barbare. Lorsqu’elles se rendaient auprès des femmes en travail, elles les encourageaient, leur disant : « Ne craignez rien, l’Éternel est avec vous. » Et lorsque les petits garçons naissaient, pleins de vie et de force, elles les laissaient vivre, se contentant de rapporter à Pharaon : « Les femmes des Hébreux ne sont pas comme les Égyptiennes. Elles sont vigoureuses et accouchent avant même que nous n’arrivions. »
Le roi, furieux, comprit qu’il avait été trompé. Mais Dieu bénit Shiphra et Poua pour leur fidélité, et leur donna des familles nombreuses.
Voyant que son plan avait échoué, Pharaon se tourna vers tout son peuple et proclama un décret terrible : « Tout fils hébreu qui naîtra, jetez-le dans le Nil ! Mais laissez vivre les filles. »
Ainsi, une ombre de terreur s’abattit sur les foyers d’Israël. Les mères serraient leurs nouveau-nés contre leur poitrine, les cachant dans les recoins des maisons, tandis que les pères priaient, les yeux levés vers le ciel, implorant le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob de les délivrer.
Mais au milieu de cette nuit sombre, une lueur d’espérance persistait. Car l’Éternel n’avait pas oublié son peuple. Dans le silence des chaumières, dans les pleurs étouffés des mères, dans le murmure des prières montant vers le ciel, une promesse demeurait : Dieu allait agir.
Et bientôt, un enfant naîtrait, un enfant sauvé des eaux, un enfant destiné à devenir le libérateur d’Israël.
Mais cela, c’est une autre histoire.