**Le Prophète Jérémie et le Dernier Avertissement du Roi Sédécias**

En ces jours sombres où Jérusalem tremblait sous la menace de l’armée babylonienne, le roi Sédécias, fils de Josias, régnait sur Juda. Son cœur était partagé entre la crainte de l’ennemi et un espoir fragile que l’Éternel interviendrait en faveur de son peuple. Les murailles de la ville, autrefois imprenables, semblaient maintenant fragiles sous le poids de l’angoisse. Les cris des sentinelles résonnaient chaque nuit, annonçant les mouvements des Chaldéens qui encerclaient la cité.

C’est dans ce contexte que Sédécias envoya Pashhur, fils de Malkija, et le prêtre Sophonie vers le prophète Jérémie. Ces messagers, vêtus de riches tuniques mais le visage creusé par l’inquiétude, se présentèrent devant l’homme de Dieu.

— *Interroge l’Éternel pour nous,* supplièrent-ils, *peut-être qu’Il accomplira en notre faveur un de ses prodiges, comme autrefois, et qu’Il fera reculer l’armée de Nebucadnetsar !*

Jérémie, dont les yeux reflétaient à la fois une profonde tristesse et une conviction inébranlable, les écouta en silence. Depuis des années, il avertissait Juda de se repentir, mais ses paroles avaient été méprisées. Maintenant, le jugement était aux portes.

L’Esprit de l’Éternel saisit le prophète, et sa voix, bien que calme, retentit comme un tonnerre :

— *Ainsi parle l’Éternel, le Dieu d’Israël : Je vais détourner contre vous les armes que vous tenez dans les mains pour combattre le roi de Babylone et les Chaldéens qui vous assiègent. Je les rassemblerai au milieu de cette ville, et moi-même je combattrai contre vous avec une main étendue et un bras puissant, avec colère, avec fureur, avec une grande indignation.*

Les messagers pâlirent. Ces mots n’étaient pas ceux qu’ils espéraient. Jérémie continua, implacable :

— *Je frapperai les habitants de cette ville, les hommes et les bêtes mourront d’une peste terrible. Et après cela, dit l’Éternel, je livrerai Sédécias, roi de Juda, ses serviteurs et le peuple qui survivra dans cette ville à la peste, à l’épée et à la famine, entre les mains de Nebucadnetsar, roi de Babylone. Il les frappera sans pitié, sans compassion, sans miséricorde.*

Un silence lourd s’abattit sur la pièce. Les messagers comprirent alors que le temps des avertissements était passé. Le jugement était inévitable.

Mais Jérémie, bien que porteur d’une parole de condamnation, n’abandonna pas entièrement le peuple à son sort. D’une voix plus douce, il ajouta :

— *Cependant, ainsi parle l’Éternel à la maison du roi de Juda : Si vous voulez avoir la vie sauve, sortez et livrez-vous aux Chaldéens. Celui qui restera dans cette ville mourra par l’épée, la famine ou la peste. Mais celui qui se rendra aux Babyloniens vivra, et sa vie sera son butin.*

Les paroles du prophète étaient claires : la rébellion contre Babylone équivalait à une rébellion contre le jugement divin. Se soumettre, c’était accepter la discipline de l’Éternel et trouver grâce malgré tout.

Pashhur et Sophonie retournèrent vers Sédécias, le cœur lourd. Lorsqu’ils rapportèrent les paroles de Jérémie, le roi serra les poings, refusant d’accepter une telle issue. Son orgueil et sa peur le poussèrent à rejeter le conseil divin.

Et ainsi, le siège de Jérusalem se prolongea, jusqu’à ce que la famine dévore les forces des habitants, que l’épée des Chaldéens brise les portes, et que le feu consume les palais. Tout se passa comme Jérémie l’avait annoncé.

Car l’Éternel est fidèle, même dans le jugement. Et ceux qui refusent d’écouter Sa voix apprendront, trop tard, que Sa parole ne revient jamais à Lui sans effet.

Ainsi s’accomplit la parole du prophète, et Juda connut l’amère conséquence de son infidélité.