**La Montagne du Seigneur**
En ces jours-là, dans le royaume de Juda, le prophète Ésaïe reçut une parole du Seigneur, une vision qui embrasait son cœur d’une espérance solennelle. Il se tenait dans les rues de Jérusalem, où les marchands criaient leurs prix et où les riches se pavanaient dans leurs habits somptueux, tandis que les pauvres tendaient des mains suppliantes. Mais au-delà de cette cité tumultueuse, Ésaïe voyait autre chose : une montagne s’élevant majestueusement, plus haute que toutes les collines alentour, et vers elle affluaient des peuples de toute la terre.
**La Vision de la Maison de Dieu**
« Il arrivera, dans la suite des temps, que la montagne de la maison de l’Éternel sera fondée sur le sommet des montagnes et s’élèvera par-dessus les collines, et toutes les nations y afflueront. »
Ésaïe contemplait cette montagne sainte, baignée d’une lumière céleste. Des sentiers y convergeaient, foulés par des foules innombrables : des Égyptiens aux tuniques de lin fin, des Assyriens aux barbes huilées, des fils de Madian aux vêtements tissés de laine sombre, et même des îles lointaines, dont les habitants parlaient des langues inconnues. Tous montaient, non pas avec des épées ni des boucliers, mais avec des cœurs avides de sagesse.
**La Paix des Nations**
« De leurs épées, ils forgeront des socs de charrue, et de leurs lances, des serpes. Une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre, et l’on n’apprendra plus la guerre. »
Le prophète voyait les guerriers déposer leurs armes. Les casques d’airain, autrefois polis pour effrayer l’ennemi, étaient transformés en bassins pour abreuver les troupeaux. Les boucliers, jadis rivés aux bras des soldats, devenaient des clôtures pour protéger les vignes. Les rois eux-mêmes, ceux qui avaient ordonné tant de batailles, s’asseyaient côte à côte, écoutant les paroles du Très-Haut.
**L’Avertissement contre l’Orgueil**
Mais la vision changea soudain. Le Seigneur abaissa Son regard sur Jérusalem, sur les orgueilleux qui se confiaient en leurs trésors, sur les idolâtres qui se prosternaient devant l’argent et le pouvoir.
« En ce jour, l’homme jettera aux taupes et aux chauves-souris ses idoles d’argent et d’or, qu’il s’était fabriquées pour les adorer. »
Ésaïe vit les riches trembler alors que la terre tremblait sous eux. Ils se cachaient dans les cavernes, fuyant la gloire écrasante du Seigneur. Car le jour de l’Éternel viendrait contre tout ce qui est élevé, contre les tours orgueilleuses, contre les navires fastueux de Tarsis, contre tout ce qui remplissait le cœur de l’homme d’un faux sentiment de puissance.
**L’Humble Refuge en Dieu**
Seuls ceux qui marchaient dans la justice trouveraient refuge. Comme un grand chêne qui reste debout après la tempête, ceux qui craignaient l’Éternel seraient épargnés. Ésaïe entendit alors un murmure dans le vent, une promesse :
« Cessez de vous confier en l’homme, dont le souffle est dans ses narines. Car de quelle valeur est-il ? »
La vision s’évanouit, mais la parole demeura. Le prophète se réveilla comme d’un songe, le cœur brûlant. Il savait que le jour viendrait où les nations reconnaîtraient le Dieu d’Israël. Jusque-là, il devait avertir son peuple : rejeter l’orgueil, chercher la justice, et lever les yeux vers cette montagne future, où régnerait une paix éternelle.
Et ainsi, Ésaïe marcha vers Jérusalem, portant dans son cœur l’espérance inébranlable du Royaume à venir.