**La Réponse de Job : Une Méditation sur le Mystère de la Justice Divine**
Dans le pays d’Uts, sous un ciel brûlant où le vent du désert soulevait des tourbillons de poussière, Job, assis sur son tas de cendres, éleva une nouvelle fois sa voix vers le ciel. Ses amis, Éliphaz, Bildad et Tsophar, l’avaient accablé de leurs discours, affirmant que sa souffrance était le châtiment de ses péchés. Mais Job, le cœur déchiré mais l’esprit clair, leur répondit avec une sagesse empreinte de douleur.
**« Écoutez bien mes paroles, »** commença-t-il, les yeux fixés sur l’horizon lointain, comme s’il cherchait au-delà des apparences la réponse à ses tourments. **« Ce que je demande, ce n’est pas votre consolation, mais votre attention. Laissez-moi parler, et quand j’aurai fini, vous pourrez continuer à me railler. »**
Ses lèvres craquelées par la soif s’ouvrirent, et sa voix, bien qu’affaiblie par les souffrances, portait une force indéniable. **« Pourquoi les méchants vivent-ils en paix ? Pourquoi vieillissent-ils et voient-ils leur puissance s’accroître ? Leurs maisons sont en sécurité, sans crainte du bâton de Dieu. Leurs troupeaux se multiplient, leurs fils dansent au son du tambourin, et ils passent leurs jours dans l’allégresse avant de descendre en un instant au séjour des morts. »**
Un silence pesant tomba sur l’assemblée. Les amis de Job échangeaient des regards troublés, car ses paroles remettaient en question tout ce qu’ils croyaient savoir de la justice divine.
Job poursuivit, les yeux brillants d’une lueur presque prophétique. **« Ils disent à Dieu : ‘Éloigne-toi de nous, nous ne désirons pas connaître tes voies ! Qui est le Tout-Puissant pour que nous le servions ? Que gagnerions-nous à le prier ?’ Pourtant, leur prospérité n’est pas entre leurs mains. Combien de fois la lampe des méchants s’éteint-elle ? Combien de fois le malheur les frappe-t-il ? Dieu réserve-t-il vraiment ses châtiments pour leurs enfants ? Qu’ils subissent eux-mêmes leur punition, qu’ils le sachent ! »**
Il leva une main tremblante vers le ciel. **« Vous me dites : ‘Dieu châtie le coupable.’ Mais regardez autour de vous ! Les injustes meurent honorés, entourés de richesses. Leurs tombes sont surveillées, leurs noms restent dans les mémoires. La poussière les recouvre doucement, comme si même la terre hésitait à les juger. »**
Un souffle de vent chaud fit voler les cendres autour de lui, rappelant la fragilité de l’homme. **« Vos arguments sont vains, »** murmura-t-il. **« L’un meurt dans la plénitude de ses forces, tranquille et en paix. L’autre périt dans l’amertume, sans avoir goûté au bonheur. Et tous deux reposent ensemble dans la poussière, recouverts par les vers. »**
Ses amis restèrent sans voix. Job venait de toucher au grand mystère qui trouble le cœur de l’homme depuis les origines : pourquoi les méchants prospèrent-ils, tandis que les justes souffrent ?
Enfin, Job baissa la tête, épuisé. **« Je connais vos pensées, vos raisonnements perfides contre moi. Vous me direz : ‘Où est la maison du puissant ? Où est la tente qu’habitaient les méchants ?’ Mais interrogez ceux qui voyagent, et ils vous le confirmeront : le méchant est épargné au jour du malheur, il échappe au jour de la colère. Qui donc ose lui reprocher sa conduite en face ? Qui lui rend le mal qu’il a fait ? »**
Il se tut, laissant la question résonner dans l’air sec du désert. Le soleil descendait lentement à l’horizon, teintant le ciel de pourpre et d’or, comme pour rappeler que Dieu seul connaît l’heure où toute chose sera révélée.
**« Ainsi, »** conclut Job d’une voix plus calme, **« vos réponses ne sont que mensonges. Ce que Dieu réserve aux méchants reste un mystère. Mais moi, je garderai ma droiture, même si je ne comprends pas. »**
Et dans le silence qui suivit, seul le bruissement du vent apporta une réponse, murmurant que la sagesse de l’homme n’est rien devant les desseins insondables du Très-Haut.