**La Vision du Prophète Habacuc**

Le soleil commençait à décliner sur les collines de Juda, projetant des ombres allongées sur les rues de Jérusalem. Habacuc, le prophète, se tenait sur la tour de garde, les yeux fixés vers l’horizon. Son cœur était lourd, rempli de questions brûlantes qu’il avait osé poser à l’Éternel.

*« Jusqu’à quand, ô Éternel, crierai-je sans que tu entendes ? »* (Habacuc 1:2)

La violence, l’injustice et la méchanceté semblaient triompher dans le royaume de Juda. Les méchants engloutissaient les justes, et Dieu paraissait silencieux. Pourtant, ce soir-là, alors que le vent murmurait entre les pierres du rempart, Habacuc sentit une présence divine l’envelopper.

### **La Réponse de l’Éternel**

Une voix retentit, puissante et douce à la fois, comme le grondement lointain du tonnerre avant l’orage :

*« Écris la vision, grave-la sur des tablettes, afin qu’on puisse la lire couramment. Car c’est une vision pour le temps fixé ; elle tend vers son terme, et elle ne mentira pas. Si elle tarde, attends-la, car elle s’accomplira, elle s’accomplira certainement. »* (Habacuc 2:2-3)

Habacuc frémit. Il saisit une tablette d’argile et un stylet, prêt à transcrire les paroles divines. La révélation qui suivit était à la fois un jugement contre les orgueilleux et une promesse pour les fidèles.

### **Les Cinq Malheurs Annoncés**

L’Éternel déroula devant lui le sort des oppresseurs, ceux qui bâtissaient leur fortune sur le sang des innocents.

**1. Le Malheur de l’Avarice**
*« Malheur à celui qui amasse pour sa maison des biens mal acquis, pour placer son nid dans un lieu élevé, afin d’échapper à la main du malheur ! »* (Habacuc 2:9)

Dieu dépeignit l’homme cupide, entassant l’or volé, croyant se protéger par ses richesses. Mais les pierres mêmes de sa maison crieraient contre lui, et le bois de ses poutres témoignerait de sa fraude.

**2. Le Malheur de la Violence**
*« Malheur à celui qui bâtit une ville avec le sang, qui fonde une cité sur l’iniquité ! »* (Habacuc 2:12)

Babylone, ce grand empire conquérant, serait punie. Ses murs, érigés par la cruauté, s’écrouleraient. Car toute gloire humaine qui ne vient pas de Dieu est vouée à la ruine.

**3. Le Malheur de l’Ivrognerie**
*« Malheur à celui qui fait boire son prochain jusqu’à l’ivresse, pour regarder sa nudité ! »* (Habacuc 2:15)

L’Éternel condamnait ceux qui corrompaient les autres pour les avilir. La coupe de la colère divine serait à son tour tendue vers eux, et la honte les couvrirait.

**4. Le Malheur de l’Idolâtrie**
*« Malheur à celui qui dit au bois : Lève-toi ! À la pierre muette : Réveille-toi ! »* (Habacuc 2:19)

Les idoles, façonnées de mains d’hommes, ne respirent pas, ne parlent pas. Elles sont couvertes d’or et d’argent, mais aucun souffle n’est en elles. Seul l’Éternel, dans son saint temple, mérite l’adoration.

**5. Le Malheur du Silence de Dieu**
*« Mais l’Éternel est dans son saint temple. Que toute la terre fasse silence devant lui ! »* (Habacuc 2:20)

Face à la grandeur de Dieu, les nations devaient se taire. Le jour viendrait où chaque genou fléchirait, où chaque langue confesserait Sa souveraineté.

### **La Foi Triomphante**

Habacuc, tremblant, posa son stylet. La vision était complète. Les méchants seraient jugés, mais les justes vivraient par leur foi (Habacuc 2:4). Cette vérité résonna en lui comme un chant d’espérance au milieu des ténèbres.

Il descendit de la tour, le cœur transformé. Désormais, il savait : même si les figuiers ne fleurissaient pas, même si les champs ne donnaient plus de récolte, il se réjouirait en l’Éternel, son Sauveur (Habacuc 3:17-18).

Et ainsi, la nuit tomba sur Jérusalem, mais dans l’âme du prophète, une lumière plus brillante que le soleil venait de se lever.