**Le Dernier Témoignage de Paul à Timothée**
La prison romaine était froide et humide, les murs de pierre suintaient une odeur de moisi. Les chaînes aux poignets de Paul grinçaient chaque fois qu’il bougeait, mais cela ne l’empêchait pas d’écrire avec une détermination fervente. La lumière tremblotante d’une lampe à huile éclairait son visage ridé par l’âge et les épreuves, mais ses yeux brillaient d’une flamme intérieure, celle de l’Esprit Saint qui le soutenait dans ses derniers jours.
Assis sur un tabouret rudimentaire, il trempa sa plume dans l’encre et commença à écrire une lettre qui serait son dernier message à son bien-aimé Timothée.
*« Je t’en conjure devant Dieu et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts, au nom de sa manifestation et de son royaume : prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non… »*
Les mots coulaient de son cœur comme un fleuve inarrêtable. Il savait que son temps était compté. Néron, l’empereur fou, avait déclenché une persécution féroce contre les chrétiens, et Paul, en tant que principal défenseur de la foi, serait bientôt conduit à la mort. Mais avant de partir, il devait exhorter Timothée, son fils dans la foi, à rester ferme.
*« Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine ; mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs… »*
Paul soupira, se rappelant les faux enseignants qui s’étaient déjà infiltrés dans les églises, semant la confusion avec des paroles séduisantes. Alexandre, le forgeron, lui avait causé bien du tort, et Démas, autrefois compagnon de ministère, avait abandonné la foi, préférant les plaisirs du monde présent.
Mais au milieu de ces sombres réalités, une assurance divine remplissait son âme.
*« Pour moi, je sers déjà de libation, et le moment de mon départ approche. J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Désormais, la couronne de justice m’est réservée… »*
Un sourire éclaira son visage. Il se souvenait de ses voyages missionnaires, des naufrages, des lapidations, des nuits passées dans les geôles. Malgré tout, Dieu avait été fidèle. Même maintenant, alors que la plupart l’avaient abandonné, le Seigneur se tenait à ses côtés. Luc, le médecin bien-aimé, était resté avec lui, et Marc, autrefois rejeté, était maintenant utile pour le ministère.
*« Le Seigneur, lui, m’a assisté et m’a fortifié, afin que par moi la prédication fût accomplie, et que toutes les nations l’entendissent… »*
Soudain, des pas résonnèrent dans le couloir. Les gardes approchaient. Paul savait que son exécution était imminente. Il écrivit rapidement ses derniers mots, le cœur débordant d’amour et d’urgence.
*« Timothée, mon enfant, sois fort dans la grâce qui est en Jésus-Christ. Et ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres… »*
Il posa la plume, essuya une larme, puis leva les yeux vers le ciel. *« Seigneur Jésus, reçois mon esprit. »*
Les gardes ouvrirent la porte avec fracas, mais Paul n’avait plus peur. Il avait couru sa course. Bientôt, il verrait face à face Celui pour qui il avait tout donné.
Et ainsi, dans une cellule obscure de Rome, le grand apôtre des nations acheva sa lettre, laissant derrière lui un héritage éternel : un appel à rester fidèle, à prêcher la Parole, et à attendre avec espérance la couronne de justice.
Timothée, en recevant ces mots, sentit son cœur brûler. Il savait ce qu’il devait faire. L’Évangile devait continuer à être proclamé, jusqu’à ce que le Seigneur revienne.
Et l’histoire de la foi se poursuivrait, génération après génération.