**Le Sanctuaire des Exclus**
Le soleil se couchait sur Jérusalem, teintant les murs de la ville de nuances dorées et pourpres. Dans la cour du Temple, les prêtres vaquaient à leurs dernières obligations du jour, tandis que les lévites préparaient les instruments pour les chants du soir. Mais ce soir-là, un homme étrange se tenait à l’entrée des portes sacrées. Son visage était marqué par les années, ses vêtements modestes, et dans ses yeux brûlait une lueur d’espérance mêlée d’appréhension. C’était un eunuque, un homme que la loi de Moïse excluait autrefois de l’assemblée du Seigneur (Deutéronome 23:1).
À quelques pas de lui, une femme étrangère, une Édomite, se tenait discrètement, les mains jointes, murmurant une prière. Elle aussi avait entendu parler du Dieu d’Israël et était venue chercher refuge sous Ses ailes. Mais les regards méfiants des fidèles lui rappelaient sans cesse qu’elle n’était pas des leurs.
Soudain, un prophète, vêtu d’un manteau rude, s’avança vers eux. C’était Ésaïe, l’homme dont les paroles étaient comme un feu dévorant. D’une voix puissante, il s’adressa à la foule rassemblée :
— *Ainsi parle l’Éternel : Observez ce qui est droit, et pratiquez ce qui est juste ! Car mon salut est près de venir, et ma justice d’être révélée.*
Les gens se turent, captivés. Le prophète continua, les yeux brillants d’une vision divine :
— *Heureux l’homme qui agit ainsi, le fils de l’homme qui s’y attache, qui observe le sabbat sans le profaner, et qui garde sa main de faire aucun mal !*
Puis, se tournant vers l’eunuque, il déclara :
— *Que l’eunuque ne dise pas : Voici, je suis un arbre sec ! Car ainsi parle l’Éternel : Aux eunuques qui gardent mes sabbats, qui choisissent ce qui m’est agréable, et qui persévèrent dans mon alliance, je donnerai dans ma maison et dans mes murs une place et un nom préférables à des fils et à des filles ; je leur donnerai un nom éternel, qui ne périra pas.*
L’homme trembla, des larmes coulant sur ses joues. Jamais il n’avait entendu une telle promesse. La loi qui l’avait exclu était maintenant transcendée par une grâce plus grande.
Ésaïe se tourna ensuite vers la femme étrangère, dont les mains serraient son châle avec émotion.
— *Et les étrangers qui s’attachent à l’Éternel pour le servir, qui aiment le nom de l’Éternel, pour être ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner, et qui persévèrent dans mon alliance, je les amènerai sur ma montagne sainte, et je les réjouirai dans ma maison de prière.*
La foule murmura, certains avec émerveillement, d’autres avec scepticisme. Mais le prophète, impassible, acheva sa proclamation :
— *Car ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples. Le Seigneur, l’Éternel, parle, lui qui rassemble les exilés d’Israël : Je rassemblerai encore d’autres peuples à ceux déjà rassemblés.*
Alors, comme si le ciel lui-même approuvait ces paroles, une brise légère traversa les cours du Temple, portant avec elle un parfum de myrrhe et d’encens. L’eunuque et l’étrangère échangèrent un regard, leurs cœurs remplis d’une joie nouvelle. Ils n’étaient plus des exclus, mais des enfants de la promesse.
Ce soir-là, tandis que les étoiles s’allumaient une à une au-dessus de Jérusalem, une vérité éternelle resplendissait : la miséricorde de Dieu était plus vaste que les murs du Temple, plus large que les frontières d’Israël. Car en Son royaume, il n’y aurait plus ni rejetés, ni étrangers, mais un seul peuple, racheté par Sa grâce.
Et dans le cœur de ceux qui avaient cru, une espérance nouvelle prit racine, comme un rameau verdoyant jaillissant d’un arbre qu’on croyait sec.