**Le Chant des Profondeurs**

Dans les temps anciens, bien avant que les rois ne règnent sur Israël, il existait un petit village niché entre les collines arides de Judée. Ce village, nommé Sela, était habité par des gens simples, des laboureurs et des bergers qui luttaient chaque jour contre la dureté de la terre et l’oppression des peuples voisins.

Parmi eux vivait un homme nommé Eliakim, un vieillard aux mains calleuses et au visage buriné par le soleil. Depuis sa jeunesse, Israël avait été foulé aux pieds par les Philistins, les Ammonites, et même par des rois cruels venus de l’est. Les champs avaient été brûlés, les femmes et les enfants emmenés en captivité, et les hommes réduits à un dur esclavage.

Un soir, alors que le soleil couchant teintait les collines de pourpre, Eliakim s’assit à l’entrée de sa modeste demeure, les yeux fixés sur l’horizon. Son cœur était lourd, non seulement à cause des souffrances passées, mais aussi parce que les moqueurs et les oppresseurs se relevaient encore une fois, comme des mauvaises herbes qui étouffent le bon grain.

Il se mit alors à murmurer les paroles d’un psaume ancien, un chant que son père lui avait enseigné dans sa jeunesse :

*« Ils m’ont assez opprimé dès ma jeunesse, qu’Israël le dise ! Ils m’ont assez opprimé dès ma jeunesse, mais ils ne m’ont pas vaincu. »*

Sa voix tremblait, mais elle portait une force inexplicable. Des voisins, attirés par sa prière, s’approchèrent et se joignirent à lui. Bientôt, tout le village était rassemblé, répétant ces mots comme une proclamation de résistance.

Un jeune homme, nommé Joab, s’avança. Ses parents avaient péri sous le joug des Ammonites, et son regard brûlait d’une colère contenue.

— *« Pourquoi, Eliakim, répètes-tu ces mots ? Qu’ont-ils changé ? Nos ennemis sont toujours là, leurs chars sont plus forts que jamais ! »*

Le vieil homme leva une main ridée vers le ciel.

— *« Écoute, mon fils. Le psalmiste ne dit pas que nos souffrances ont disparu. Il dit qu’elles n’ont pas eu le dernier mot. Regarde… »*

Il pointa du doigt un champ voisin, où des épis de blé commençaient à percer la terre craquelée.

— *« Les laboureurs ont passé sur notre dos comme une charrue, déchirant notre chair. Mais comme le blé qui survit à l’hiver, nous sommes encore debout. Et Celui qui est fidèle ne permettra pas que les méchants prospèrent éternellement. »*

Joab baissa les yeux, son cœur agité.

— *« Mais quand donc Dieu interviendra-t-Il ? »*

Eliakim sourit tristement.

— *« Il est déjà à l’œuvre. Leurs cordes se briseront, leurs faux ne moissonneront plus notre vie. Le Seigneur est juste, Il coupera les liens des impies. »*

Les jours passèrent, puis les mois. Un matin, des cris retentirent dans le village. Des messagers arrivaient en courant, annonçant que les armées ennemies avaient été frappées par une maladie mystérieuse. Leurs chefs se disputaient entre eux, et leurs alliances s’effritaient.

Joab courut vers Eliakim, les yeux brillants d’espoir.

— *« Tu avais raison ! Leurs projets s’écroulent ! »*

Le vieil homme hocha la tête, les yeux levés vers le ciel.

— *« Ce n’est pas notre force qui nous a sauvés, mais la main du Très-Haut. Que ceux qui passent nous voient et disent : ‘La bénédiction de l’Éternel soit sur vous ! Nous vous bénissons au nom du Seigneur !’ »*

Et ainsi, le village de Sela, autrefois écrasé, devint un témoignage vivant. Les oppresseurs s’évanouirent comme l’herbe des toits, qui sèche avant même d’être arrachée. Et la justice de Dieu, comme le soleil du midi, se leva sur ceux qui avaient espéré en Lui.

Ainsi s’accomplit la parole du psaume : *« Ils n’ont pas vaincu. »*