**Le Jugement de l’Égypte : Une Prophétie d’Ézéchiel**
Le soleil se couchait sur les rives majestueuses du Nil, teintant les eaux sombres de reflets dorés. Les palmiers se balançaient doucement sous une brise tiède, tandis que les embarcations des pêcheurs regagnaient les berges. L’Égypte, terre ancienne et puissante, semblait immuable dans sa gloire. Pourtant, dans le lointain désert de Babylone, un prophète nommé Ézéchiel, captif parmi les exilés, recevait une parole brûlante de la part de l’Éternel.
C’était la dixième année de la captivité, le douzième jour du dixième mois. Ézéchiel, assis dans sa modeste demeure, sentit soudain la présence écrasante de Dieu l’envahir. Une voix retentit, puissante comme le tonnerre : *« Fils de l’homme, tourne ta face vers Pharaon, roi d’Égypte, et prophétise contre lui et contre toute l’Égypte ! »* (Ézéchiel 29:2).
Le prophète se leva, son cœur battant à la mesure du message divin. Il étendit les mains vers le sud, comme si son regard perçait les distances pour atteindre Thèbes, Memphis et les grandes cités égyptiennes.
**La Prophétie contre le Pharaon, le Grand Monstre des Eaux**
*« Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’en veux à toi, Pharaon, roi d’Égypte, grand crocodile couché au milieu de tes fleuves ! Toi qui as dit : “Mon Nil est à moi, c’est moi qui l’ai fait !” »* (Ézéchiel 29:3).
Ézéchiel dépeignit Pharaon comme un monstre orgueilleux, un reptile colossal se vautrant dans la boue du Nil, se croyant maître des eaux. Mais l’Éternel allait le trapper comme un chasseur saisit un fauve. *« Je mettrai des crochets à tes mâchoires, j’attacherai à tes écailles les poissons de tes fleuves, et je te tirerai du milieu de tes rivières… »* (Ézéchiel 29:4).
L’image était saisissante : le souverain d’Égypte, qui se voyait comme un dieu, serait arraché de son trône avec une brutalité humiliante. Les poissons mêmes du Nil, symbole de la vie en Égypte, resteraient collés à ses écailles, signe que sa puissance était illusoire.
**L’Abandon et la Désolation**
La voix de l’Éternel continua, annonçant un châtiment implacable : *« Je te rejetterai dans le désert, toi et tous les poissons de tes fleuves. Tu tomberas sur la face des champs, tu ne seras ni ramassé ni enterré. Je te donnerai en pâture aux bêtes de la terre et aux oiseaux du ciel. »* (Ézéchiel 29:5).
Ézéchiel vit en esprit les charognards tournoyant au-dessus du cadavre du grand crocodile, déchiqueté par les hyènes. Pharaon, qui avait opprimé Israël et défie Yahweh, ne mériterait même pas une sépulture honorable.
**La Leçon pour Israël**
Mais le jugement de l’Égypte avait aussi un but pour le peuple de Dieu. *« Alors tous les habitants de l’Égypte sauront que je suis l’Éternel, parce qu’ils ont été un soutien de roseau pour la maison d’Israël. »* (Ézéchiel 29:6).
L’Égypte avait promis protection à Juda, mais comme un roseau fragile, elle s’était brisée sous la pression de Babylone. Quand Israël s’était appuyé sur elle, elle n’avait offert qu’une fausse sécurité, blessant même ceux qui comptaient sur elle.
**Quarante Ans de Désolation**
La sentence divine était claire : *« Voici, je fais venir contre toi l’épée, et je retrancherai de toi hommes et bêtes. Le pays d’Égypte deviendra une solitude et un désert… pendant quarante ans. »* (Ézéchiel 29:8-11).
Quarante ans, comme les quarante années d’Israël dans le désert. L’Égypte, autrefois grenier du monde, serait réduite à l’état de ruine. Ses villes tomberaient en décadence, ses champs retourneraient à la friche.
**La Restauration Limitée**
Pourtant, après ce temps de jugement, l’Éternel permettrait une restauration partielle : *« Au bout de quarante ans, je rassemblerai les Égyptiens… Mais ils seront un royaume faible, ils ne domineront plus les nations. »* (Ézéchiel 29:13-15).
L’Égypte ne retrouverait jamais sa gloire passée. Elle servirait de leçon éternelle : *« Israël ne se confiera plus en eux, mais se souviendra de son péché. »* (Ézéchiel 29:16).
**La Conclusion de la Vision**
Ézéchiel, tremblant, acheva sa prophétie. La nuit était tombée sur Babylone, mais dans son esprit brûlait encore la vision du crocodile géant, traîné hors du Nil pour pourrir sous le soleil.
L’Éternel avait parlé. Les hommes pouvaient se croireux dieux, mais Lui seul était le Juge des nations.
Ainsi s’accomplirait la parole d’Ézéchiel.