**Le Juge Injuste et la Veuve Persévérante**
Dans une petite ville isolée des collines de Judée, vivait un juge qui ne craignait ni Dieu ni les hommes. Son cœur était dur comme la pierre, et son visage, marqué par des années d’amertume, ne laissait jamais transparaître la moindre compassion. Les habitants de la ville le connaissaient bien : il acceptait des pots-de-vin, favorisait les riches et méprisait les pauvres. Personne n’osait s’opposer à lui, car il rendait ses verdicts avec une froideur implacable.
Or, dans cette même ville, vivait une veuve dont le mari avait été injustement dépouillé de ses terres avant sa mort. Sans défenseur, elle se retrouva plongée dans une pauvreté accablante, tandis que son oppresseur, un homme puissant et sans scrupules, jouissait de son héritage volé. Jour après jour, la veuve se présentait devant le tribunal, vêtue de haillons, les mains tremblantes mais la voix ferme : *« Rends-moi justice contre mon adversaire ! »*
Le juge, agacé par sa persistance, refusait de l’écouter. Il la chassait avec mépris, lui ordonnant de ne plus revenir. Mais la veuve ne se découragea pas. Chaque matin, avant même que le soleil ne se lève, elle se tenait déjà devant le tribunal, répétant inlassablement sa demande. Les gardes ricanèrent, les scribes la regardèrent avec pitié, mais elle ne baissa pas les yeux.
Les semaines passèrent. Le juge, excédé, commença à perdre le sommeil. La voix de cette femme résonnait dans ses rêves, troublant son repos. Un soir, alors qu’il tournait dans son lit, il se dit à lui-même : *« Bien que je ne craigne pas Dieu et que je ne me soucie guère des hommes, cette veuve m’épuise. Pour qu’elle cesse de me harceler, je vais lui rendre justice. »*
Le lendemain, à la surprise de tous, il fit comparaître l’oppresseur de la veuve et, contre toute attente, rendit un verdict en sa faveur. La foule murmura, incrédule, tandis que la veuve, les larmes aux yeux, leva ses mains vers le ciel en action de grâce.
**La Leçon de Jésus**
Plus tard, Jésus raconta cette parabole à ses disciples, assis sur les pentes d’une colline près de Jéricho. Le soleil couchant dorait leurs visages tandis qu’Il leur expliquait : *« Écoutez ce que dit ce juge inique. Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit ? Je vous le dis, Il leur fera promptement justice. Mais lorsque le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »*
Les disciples se regardèrent, méditatifs. Pierre, les sourcils froncés, demanda : *« Alors, Seigneur, devons-nous supplier Dieu sans cesse, comme cette veuve ? »*
Jésus posa sur lui un regard empreint de tendresse et de gravité : *« Oui. Priez sans vous décourager. Car votre Père céleste est bien plus juste que ce juge. Il entend vos cris, et au moment choisi par Lui, Il répondra. »*
Alors qu’ils descendaient vers Jéricho, un aveugle assis au bord du chemin entendit la foule passer. *« Qui est-ce ? »* demanda-t-il avec empressement.
*« C’est Jésus de Nazareth ! »* lui répondit-on.
Aussitôt, il se mit à crier : *« Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! »*
Ceux qui marchaient devant le réprimandèrent, lui ordonnant de se taire. Mais l’aveugle cria de plus belle : *« Fils de David, aie pitié de moi ! »*
Jésus s’arrêta et ordonna qu’on lui amène l’homme. Quand il fut devant Lui, Il demanda : *« Que veux-tu que Je fasse pour toi ? »*
*« Seigneur, que je recouvre la vue ! »*
Jésus, touché par sa foi, lui dit : *« Recouvre la vue, ta foi t’a sauvé. »*
A l’instant même, l’homme vit. Et il suivit Jésus en glorifiant Dieu, tandis que toute la foule, témoin de ce miracle, louait le Seigneur.
Ainsi, Jésus enseignait que la persévérance dans la prière, jointe à une foi vivante, ouvre les portes de la grâce divine. Car Dieu, contrairement au juge inique, écoute toujours ceux qui L’invoquent avec un cœur sincère.