**La Mission des Douze**

Le soleil levant dorait les collines de Galilée, répandant une lumière chaude sur les douze hommes que Jésus avait choisis. Ce matin-là, l’air était chargé d’une solennité particulière, car le Maître allait leur confier une mission sans précédent. Les disciples, assis en demi-cercle autour de Lui, sentaient leur cœur battre plus fort, pressentant l’importance de ce moment.

Jésus, les yeux emplis d’une autorité divine, les appela un à un par leur nom : « Simon, appelé Pierre, et André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ; Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée ; Simon le Zélote, et Judas l’Iscariote. » Chaque nom résonnait comme un appel sacré.

Puis, levant les mains, Il leur donna l’autorité sur les esprits impurs, afin qu’ils puissent les chasser et guérir toute maladie et toute infirmité. « Voici, leur dit-Il d’une voix empreinte de gravité, Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes. »

Les disciples échangèrent des regards à la fois excités et craintifs. Pierre serra les poings, se demandant s’il serait à la hauteur. Jean, plus jeune, sentit une flamme s’allumer en lui, brûlant du désir d’annoncer le Royaume.

Jésus poursuivit, détaillant leur mission : « Allez vers les brebis perdues de la maison d’Israël. En chemin, proclamez que le Royaume des cieux est proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. »

Il leur ordonna de ne prendre ni or, ni argent, ni monnaie dans leurs ceintures, ni sac pour le voyage, ni deux tuniques, ni sandales de rechange, ni bâton. « Car l’ouvrier mérite sa nourriture, expliqua-t-Il. Dans chaque ville ou village, cherchez qui en est digne et demeurez là jusqu’à votre départ. »

Thomas, toujours enclin au doute, murmura : « Et si on ne nous reçoit pas ? »

Jésus, percevant sa pensée, répondit : « Lorsque vous entrerez dans une maison, saluez-la. Si elle en est digne, que votre paix vienne sur elle ; sinon, que votre paix retourne à vous. Et si quelqu’un ne vous accueille pas et n’écoute pas vos paroles, secouez la poussière de vos pieds en quittant cette maison ou cette ville. Je vous le dis en vérité, au jour du jugement, le sort de Sodome et Gomorrhe sera plus supportable que celui de cette ville-là. »

Un silence pesant s’installa. Les disciples comprenaient maintenant la gravité de leur mission. Ce n’était pas une simple prédication, mais un appel à engager leur vie tout entière.

Jésus, voyant leur inquiétude, les rassura : « Ne craignez pas les hommes, car rien n’est caché qui ne doive être révélé. Ce que Je vous dis dans les ténèbres, dites-le en plein jour ; ce qui vous est murmuré à l’oreille, proclamez-le sur les toits. »

Puis, fixant chacun d’eux avec une tendresse infinie, Il ajouta : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent tuer l’âme. Craignez plutôt Celui qui peut faire périr et l’âme et le corps dans la géhenne. Ne vend-on pas deux passereaux pour un sou ? Pourtant, pas un d’entre eux ne tombe à terre sans la volonté de votre Père. Même vos cheveux sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez plus que beaucoup de passereaux. »

Les disciples se redressèrent, fortifiés par ces paroles. Jésus conclut avec une promesse solennelle : « Quiconque se déclarera pour Moi devant les hommes, Je Me déclarerai aussi pour lui devant Mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui Me reniera devant les hommes, Je le renierai aussi devant Mon Père. »

Ainsi équipés non par des armes terrestres, mais par la puissance divine, les Douze partirent deux par deux, le cœur mêlé de crainte et de joie, prêts à affronter les dangers pour l’amour de Celui qui les avait appelés.

Et tandis qu’ils s’éloignaient, Jésus les regarda avec amour, sachant que leur chemin serait semé d’épreuves, mais que leur fidélité changerait le monde à jamais.