**La Vision des Deux Paniers de Figues**
Le prophète Jérémie marchait d’un pas lourd dans les rues de Jérusalem, son cœur empli d’une tristesse profonde. La ville, autrefois vibrante de vie, portait maintenant les cicatrices du jugement de Dieu. Les murs, jadis imprenables, semblaient trembler sous le poids de la colère divine. Le peuple avait abandonné l’Éternel, se tournant vers les idoles des nations voisines, et maintenant, les conséquences de leur infidélité se manifestaient de manière indéniable.
C’est dans ce contexte que l’Éternel parla à Jérémie. Le prophète se tenait dans la cour du temple, les yeux levés vers le ciel, implorant une parole de guidance pour son peuple déchu. Soudain, l’Esprit de Dieu descendit sur lui, et une vision puissante se déploya devant ses yeux.
Il vit deux paniers de figues, placés devant le sanctuaire de l’Éternel. Le premier panier était rempli de figues excellentes, mûres à point, d’une beauté et d’une douceur incomparables. Leur parfum embaumait l’air, comme une offrande agréable à Dieu. Le second panier, en revanche, contenait des figues pourries, si mauvaises qu’elles étaient immangeables. Leur aspect répugnant faisait frémir, et une odeur de décomposition s’en échappait.
Alors, la voix de l’Éternel retentit dans le cœur de Jérémie :
*« Que vois-tu, Jérémie ? »*
Le prophète répondit avec humilité : *« Je vois des figues : les premières sont excellentes, mais les autres sont si mauvaises qu’on ne peut les manger. »*
Et l’Éternel lui expliqua la signification de cette vision. Les figues excellentes représentaient les exilés de Juda, ceux que Nebucadnetsar, roi de Babylone, avait emmenés captifs loin de leur terre. Contrairement à ce que beaucoup pensaient, ces déportés n’étaient pas abandonnés par Dieu. Au contraire, l’Éternel promettait de veiller sur eux, de les bénir, et un jour, de les ramener dans leur pays. Il fixerait sur eux Ses yeux pour leur bien, les rétablirait, et les planterait de nouveau dans la terre promise. Ils reviendraient à Lui de tout leur cœur, et Il serait leur Dieu.
Mais les figues pourries symbolisaient ceux qui restaient à Jérusalem, ceux qui se croyaient en sécurité sous la protection du roi Sédécias et des faux prophètes qui annonçaient une paix illusoire. Ces gens-là, malgré les avertissements répétés de Jérémie, persistaient dans leur rébellion contre Dieu. L’Éternel déclara qu’Il les rendrait un objet d’horreur pour tous les royaumes de la terre, un opprobre, une fable et une malédiction partout où Il les chasserait. L’épée, la famine et la peste les consummeraient jusqu’à ce qu’ils soient anéantis.
Le cœur de Jérémie se serra en entendant ces paroles. Il savait que le jugement était inévitable pour ceux qui refusaient de se repentir. Pourtant, dans cette vision, il y avait aussi une lueur d’espoir : Dieu n’abandonnerait pas entièrement Son peuple. Les exilés, bien que punis pour leurs péchés, seraient l’objet d’une restauration future.
Ainsi, le prophète transmit fidèlement le message de l’Éternel, appelant une fois de plus le peuple à la repentance. Mais, comme tant de fois auparavant, beaucoup refusèrent d’écouter. Les figues pourries ne pouvaient être sauvées, mais les figues excellentes, malgré leur éloignement, étaient gardées dans la main miséricordieuse de Dieu.
Et Jérémie, bien que triste, se confia dans la justice et la fidélité de l’Éternel, sachant qu’à la fin, Sa parole s’accomplirait.