**L’Épreuve des Frontières Sacrées**

Dans les vastes plaines du désert du Sinaï, sous un ciel brûlant où le soleil semblait peser comme un bouclier de bronze, le peuple d’Israël campait autour de la Montagne Sainte. Les tentes de laine et de peaux de chèvres s’étendaient à perte de vue, tandis que la colonne de fumée, signe de la présence divine, planait au-dessus du Tabernacle. C’était un temps de purification, un temps où les lois de sainteté étaient données par le Très-Haut à Moïse, son serviteur.

Un soir, alors que les ombres s’allongeaient et que le vent du désert murmurait entre les rochers, Moïse convoqua les anciens et les chefs des tribus. Son visage, encore rayonnant de sa rencontre avec l’Éternel, était grave. « Écoutez, ô Israël, les paroles du Seigneur votre Dieu ! » Sa voix portait, ferme et claire, comme les trompettes d’argent qui sonnaient les assemblées sacrées.

« Ainsi parle l’Éternel : Vous ne ferez point comme font les peuples d’Égypte où vous avez habité, ni comme les nations de Canaan où je vous conduis. Leurs coutumes sont une abomination devant mes yeux. »

Les hommes se turent, le cœur serré. Ils connaissaient les pratiques impies des Égyptiens, où les unions interdites souillaient les familles, où l’inceste était toléré comme une chose ordinaire. Et Canaan… Canaan était une terre où les pères offraient leurs enfants aux idoles, où l’on se livrait à des unions contre nature.

Moïse continua, les yeux levés vers les cieux, comme s’il lisait les mots écrits par le doigt de Dieu même.

« Nul ne s’approchera d’une femme de sa parenté pour découvrir sa nudité. »

Un frisson parcourut l’assemblée. Les femmes baissèrent les yeux, les hommes échangèrent des regards solennels. La sainteté du foyer devait être préservée.

« La nudité de ton père, la nudité de ta mère, tu ne la découvriras point. C’est ta mère, tu ne t’uniras pas à elle. »

Les paroles tombaient comme des pierres sur une balance, marquant la frontière entre le sacré et le profane.

« Tu ne découvriras point la nudité de la femme de ton père, car c’est la nudité de ton père. »

Un vieillard, assis au premier rang, hocha la tête. Il avait vu, en Égypte, des fils s’emparer des concubines de leur père après sa mort, comme si elles étaient un héritage et non des êtres dignes de respect.

Moïse poursuivit, énumérant chaque interdit avec une précision qui laissait aucune place au doute.

« Tu ne découvriras point la nudité de ta sœur, fille de ton père ou fille de ta mère. »

Une jeune femme, écoutant depuis l’entrée de sa tente, serra son châle contre elle. Elle se souvenait des récits de son grand-père, qui racontait comment certaines tribus nomades s’unissaient entre frères et sœurs, croyant préserver ainsi leur lignée. Mais l’Éternel exigeait la pureté, non le sang mêlé.

Les interdits se succédaient, traçant un cercle sacré autour du mariage, de la famille, de la vie.

« Tu ne découvriras point la nudité de la fille de ton fils ou de la fille de ta fille, car c’est ta propre nudité. »

« Tu ne découvriras point la nudité de la sœur de ton père ou de ta mère. »

« Tu ne prendras point la femme de ton frère, sauf selon la loi du lévirat, et seulement si c’est pour relever le nom du défunt. »

Chaque parole était un coup de burin dans la pierre de la Loi, gravant pour toujours les limites que Dieu imposait à son peuple.

Puis vint l’avertissement le plus solennel :

« Nul ne s’approchera de sa proche parenté pour satisfaire sa convoitise. Car toutes ces choses, ce sont les abominations des nations que je chasse devant toi. »

Moïse leva les mains, et sa voix devint tonnante.

« La terre en a été souillée, et je punis son iniquité, et la terre a vomi ses habitants. »

Un silence lourd s’abattit sur l’assemblée. Ils comprenaient maintenant pourquoi Canaan serait jugée. Pourquoi l’Éternel les avertissait ainsi.

« Gardez donc mes lois et mes ordonnances, dit Moïse, et ne commettez aucune de ces abominations. Je suis l’Éternel, votre Dieu. »

Et dans le cœur de chacun, une résolution naquit : ils marcheraient dans la sainteté. Car ils étaient le peuple de Dieu, et la terre qu’ils allaient posséder devait être pure, comme eux-mêmes devaient l’être.

Ainsi fut donné le décret sacré, et la nuit tomba sur le camp, tandis que les étoiles, témoins silencieuses, brillaient sur un peuple appelé à la sainteté.