**Le Sacrifice de Benjamin : Une Épreuve de Cœur**

Le soleil levant étirait ses premiers rayons dorés sur les terres fertiles d’Égypte, illuminant les rues de la ville où Joseph, le vice-roi, régnait avec sagesse. Les frères de Joseph, fils d’Israël, avaient une fois encore fait le voyage depuis Canaan pour acheter du grain, ignorant toujours que ce puissant seigneur égyptien était leur propre frère, celui qu’ils avaient jadis vendu par jalousie.

Cette fois, cependant, Joseph avait conçu un plan pour mettre leurs cœurs à l’épreuve. Il avait ordonné à son intendant de remplir leurs sacs de grain comme à l’accoutumée, mais aussi de cacher sa coupe d’argent, une précieuse relique utilisée pour les augures, dans le sac du plus jeune, Benjamin.

Alors que les frères reprenaient joyeusement la route vers Canaan, Joseph fit envoyer ses gardes à leur poursuite. « Pourquoi le seigneur nous accuse-t-il ? » s’écria Juda, effrayé, lorsque les soldats les rattrapèrent. « Nous n’avons rien volé ! »

L’intendant, le visage sévère, répondit : « L’homme chez qui la coupe sera trouvée deviendra mon esclave. Les autres seront libres. »

Un frisson parcourut l’assemblée. Un à un, les sacs furent ouverts, depuis celui de Ruben, l’aîné, jusqu’à celui de Benjamin. Lorsque le dernier sac fut délié, la coupe scintillante roula sur le sol, reflétant la lumière du soleil comme un reproche muet.

Les frères déchirèrent leurs vêtements en signe de désespoir. Comment retourneraient-ils auprès de leur père, Jacob, après avoir perdu Benjamin, le fils bien-aimé de sa vieillesse ? Juda, dont le cœur était rongé par le remords de la vente de Joseph autrefois, s’avança alors avec une détermination farouche.

« Je ne peux laisser mon père endurer une telle douleur, déclara-t-il d’une voix brisée. Prends-moi à la place de Benjamin, je t’en supplie. Car si je reviens sans lui, mon père en mourra de chagrin. »

Joseph, caché derrière son masque de puissance, sentit son cœur se briser devant le sacrifice de Juda. Il vit en lui un homme transformé, prêt à donner sa vie pour son frère, là où autrefois il avait conspiré par jalousie.

Ainsi, sous les regards ébahis des frères, Joseph se révéla enfin : « Je suis Joseph, votre frère ! Celui que vous avez vendu ! Mais ne vous reprochez rien, car c’est Dieu qui m’a envoyé ici avant vous pour préserver la vie. »

Les larmes coulèrent librement alors que les frères, bouleversés, se jetèrent dans ses bras. La réconciliation était accomplie, non par leur propre mérite, mais par la grâce divine qui avait tout orchestré pour leur salut.

Et ainsi, dans cette épreuve, Dieu montra une fois de plus que même les actions mauvaises des hommes peuvent être retournées pour accomplir Son grand dessein de miséricorde.