**La Part d’Héritage de la Tribu de Manassé**

Le soleil levant dorait les collines de Silo, où Josué et les anciens d’Israël s’étaient rassemblés devant le Tabernacle pour distribuer le reste du pays promis. Parmi les tribus qui attendaient leur héritage se trouvait celle de Manassé, demi-tribu ayant déjà reçu des terres à l’est du Jourdain, mais dont une partie devait aussi s’établir à l’ouest, aux côtés de leurs frères.

Ce matin-là, les chefs des clans de Manassé s’avancèrent avec un air résolu. Parmi eux se tenait Tselophchad, un homme dont le nom était connu de tous, non pas à cause de ses exploits guerriers, mais à cause de ses cinq filles : Machla, Noa, Hogla, Milca et Thirtsa. Ces femmes courageuses, quelques années auparavant, avaient osé se présenter devant Moïse et les princes pour réclamer l’héritage de leur père, puisqu’il n’avait pas de fils. Et l’Éternel lui-même avait approuvé leur demande, établissant une loi nouvelle en leur faveur.

Aujourd’hui, ces mêmes femmes, maintenant mariées et mères de familles, se tenaient aux côtés des hommes de leur tribu, prêtes à recevoir ce qui leur revenait de droit.

**La Réclamation des Filles de Tselophchad**

— *Josué, serviteur de l’Éternel,* commença l’une d’elles d’une voix ferme mais respectueuse, *tu te souviens de la parole que l’Éternel a donnée à Moïse concernant notre héritage. Notre père est mort dans le désert sans laisser de fils, mais nous avons reçu l’ordre de recevoir une part parmi nos frères. Nous venons donc aujourd’hui pour que cette promesse s’accomplisse.*

Josué inclina la tête, se souvenant des paroles de Moïse. Il savait que la volonté de Dieu était claire : ces femmes devaient hériter au même titre que les hommes de leur tribu.

— *Vous avez raison,* répondit-il. *Que l’on donne à ces femmes leur part d’héritage, comme l’Éternel l’a commandé.*

Ainsi, les cinq filles de Tselophchad reçurent des portions de terre parmi leurs oncles et cousins, un fait sans précédent dans les annales d’Israël.

**Les Limites du Territoire de Manassé**

La tribu de Manassé reçut un vaste territoire s’étendant depuis la frontière d’Aser jusqu’à celle d’Éphraïm, englobant des villes fortifiées et des terres fertiles. Leur héritage incluait Beth-Shean, Dor, En-Dor, Thaanac et Méguiddo, des cités puissantes situées dans la vallée de Jizreel.

Cependant, malgré l’étendue de leur territoire, les fils de Manassé se trouvèrent face à un défi de taille.

**Le Défi des Cananéens**

— *Pourquoi ne chassons-nous pas les Cananéens de ces villes ?* demanda l’un des chefs de clan avec frustration. *Elles sont bien situées, avec des murailles solides et des terres riches. Mais leurs habitants refusent de partir !*

En effet, dans plusieurs régions, les Cananéens avaient résisté, refusant d’abandonner leurs forteresses. Les chars de fer de Beth-Shean et de Méguiddo rendaient toute attaque frontale périlleuse.

Josué, les entendant, les regarda avec sagesse.

— *La terre est vaste et fertile. Si vous êtes un peuple si nombreux, pourquoi ne montez-vous pas dans la forêt et ne vous y faites-vous pas de la place en défrichant ? Quant aux Cananéens et à leurs chars de fer, ne craignez-vous pas l’Éternel, qui vous a donné cette terre ? S’il est avec vous, qui pourra résister ?*

Les hommes de Manassé baissèrent la tête, reconnaissant la vérité dans ses paroles. Ils s’étaient plaints au lieu de se battre, doutant de la promesse divine.

**La Foi et l’Action**

Raffermis par les paroles de Josué, les clans de Manassé se mirent à l’œuvre. Certains partirent défricher les forêts des montagnes d’Éphraïm, élargissant leurs frontières. D’autres, plus guerriers, unirent leurs forces avec celles des autres tribus pour assiéger les villes cananéennes.

Peu à peu, avec courage et persévérance, ils prirent possession de leur héritage. Les filles de Tselophchad, quant à elles, devinrent des modèles de foi, rappelant à toute la tribu que l’obéissance à la parole de Dieu était la clé de la victoire.

Ainsi, la tribu de Manassé apprit que l’héritage promis ne se recevait pas sans effort, mais que, par la foi et l’action, les montagnes pouvaient être déplacées et les ennemis les plus redoutables vaincus.

Et l’Éternel fut avec eux, comme il l’avait promis.