**Le Psaume 78 : L’Histoire d’un Peuple Rebelle et d’un Dieu Fidèle**

Dans les temps anciens, lorsque les tribus d’Israël erraient dans le désert, leurs sandales usées par le sable brûlant et leurs cœurs lourds de doute, le Seigneur leur parlait à travers les nuées et les colonnes de feu. Pourtant, malgré les prodiges qu’ils avaient contemplés, leurs âmes demeuraient aussi dures que la pierre du désert.

Asaph, le sage chantre d’Israël, recueillit ces souvenirs amers et les consigna dans un psaume, une lamentation et un avertissement pour les générations futures. Il commença ainsi : *« Écoute, mon peuple, mon enseignement ! Prête l’oreille aux paroles de ma bouche ! »* (Psaume 78:1).

**Les Miracles et l’Ingratitude**

Il raconta comment Dieu avait frappé l’Égypte de plaies terribles, transformant les eaux du Nil en sang et envoyant des nuées de sauterelles pour dévorer les récoltes. Les premiers-nés des Égyptiens avaient péri en une seule nuit, tandis que les fils d’Israël, marqués par le sang de l’agneau, furent épargnés. Le Seigneur les conduisit comme un berger, leur ouvrant un chemin à travers la mer Rouge, les eaux s’élevant comme des murailles de cristal avant de s’effondrer sur l’armée de Pharaon.

Pourtant, à peine avaient-ils franchi la mer que leurs cœurs se remplirent de murmures. Dans le désert de Sin, leurs estomacs vides grondèrent de faim, et ils accusèrent Moïse : *« Nous aurions préféré mourir en Égypte, où nous mangions à notre faim ! »* (Exode 16:3). Alors, dans sa miséricorde, Dieu fit pleuvoir du ciel une nourriture inconnue, la manne, fine comme la gelée blanche, sucrée comme le miel. Chaque matin, elle recouvrait le sol, et le peuple la ramassait avec émerveillement.

Mais bientôt, leur gratitude s’évapora comme la rosée au soleil. *« Nous sommes las de cette misérable nourriture ! »* criaient-ils (Nombres 21:5). Ils réclamèrent de la viande, et Dieu, dans sa patience, envoya des cailles par milliers, si nombreuses qu’elles obscurcirent le ciel avant de s’abattre sur le camp.

**La Rébellion et le Châtiment**

Malgré ces signes, Israël persista dans sa révolte. À Massa et Meriba, ils défiaient Dieu, exigeant de l’eau avec arrogance. *« Le Seigneur est-il vraiment parmi nous ? »* murmuraient-ils, leurs lèvres craquelées par la soif (Exode 17:7). Moïse frappa le rocher, et l’eau jaillit en torrents, mais leurs cœurs restèrent secs, incapables de croire.

Lorsqu’ils atteignirent enfin les frontières de la Terre Promise, leur incrédulité les perdit. Les espions revinrent avec des récits de géants et de villes imprenables. Seuls Josué et Caleb, remplis de foi, s’écrièrent : *« Le Seigneur est avec nous, ne les craignez pas ! »* Mais le peuple trembla et refusa d’avancer. Alors, la colère de Dieu s’enflamma. *« Aucun de ces hommes rebelles n’entrera dans mon repos ! »* déclara-t-il. Et pendant quarante années, ils errèrent, leurs corps tombant un à un dans le désert.

**La Fidélité de Dieu Malgré Tout**

Pourtant, même dans leur infidélité, Dieu ne les abandonna pas. Lorsqu’ils criaient vers lui dans leur détresse, il les délivrait. Il frappa leurs ennemis, ouvrit les eaux du Jourdain, et fit tomber les murs de Jéricho. Mais sitôt la victoire obtenue, ils oubliaient ses bienfaits, se tournant vers les idoles des nations voisines.

Asaph pleurait en écrivant ces mots : *« Combien de fois se révoltèrent-ils contre lui dans le désert et l’attristèrent-ils dans les solitudes ! »* (Psaume 78:40). Ils provoquaient le Saint d’Israël, oubliant sa main puissante et le jour où il les avait rachetés.

**Le Choix de Juda et de David**

Finalement, Dieu rejeta la tente de Joseph et la tribu d’Éphraïm, qui avait mené la rébellion. À la place, il choisit Juda, la tribu royale, et Sion, la montagne sainte. Il établit David, le berger devenu roi, un homme selon son cœur. Sous son règne, le peuple connut enfin la paix, et l’arche de l’alliance fut placée dans la cité de Dieu.

Ainsi se termina le psaume, comme un écho à travers les âges : *« Il les fit paître selon l’intégrité de son cœur, et les conduisit avec des mains habiles. »* (Psaume 78:72).

**La Leçon pour les Générations Futures**

Asaph avait écrit cette histoire non pour condamner, mais pour instruire. *« Nous ne le cacherons pas à leurs enfants ; nous dirons à la génération future les louanges de l’Éternel. »* (Psaume 78:4). Car Dieu reste fidèle, même quand son peuple est infidèle. Sa colère ne dure qu’un instant, mais sa miséricorde demeure à jamais.

Et ainsi, chaque fois qu’Israël chantait ce psaume, il se souvenait : la fidélité de Dieu surpasse toutes les rébellions des hommes.