**Le Riche Insensé : Une Histoire Inspirée par l’Ecclésiaste 6**
Dans la ville prospère de Beth-Horon, vivait un homme nommé Nabal. Il était riche au-delà de toute mesure, possédant des terres fertiles, des troupeaux innombrables, et des serviteurs par centaines. Son nom était connu dans toute la région, non seulement pour sa fortune, mais aussi pour son arrogance. Chaque matin, il se levait et contemplait ses biens avec satisfaction, se disant : *« Mon âme, tu as beaucoup de biens amassés pour de nombreuses années ; repose-toi, mange, bois, et réjouis-toi. »*
Mais un jour, un voyageur nommé Elihu, sage et versé dans les Écritures, passa par Beth-Horon. Ayant entendu parler de la richesse de Nabal, il demanda à le rencontrer. Lorsqu’il fut introduit dans la grande salle du festin, où Nabal banquétait entouré de ses amis, Elihu s’inclina respectueusement et dit :
— *« Que la paix soit sur toi, Nabal. J’ai entendu parler de ta prospérité et je suis venu t’apporter une parole. »*
Nabal, le visage rouge de vin, éclata de rire.
— *« Une parole ? Que peut me dire un homme en tunique usée que je ne sache déjà ? Regarde autour de toi : tout ceci est à moi ! »*
Elihu ne se découragea pas. D’une voix calme, il répondit :
— *« L’Éternel t’a comblé de biens, il est vrai. Mais as-tu jamais demandé pourquoi ? »*
Nabal haussa les épaules.
— *« Parce que je suis habile et travailleur, bien sûr ! »*
Elihu secoua lentement la tête.
— *« Il y a un mal que j’ai vu sous le soleil, et qui pèse lourd sur les hommes : un homme à qui Dieu donne richesse, biens et honneurs, de sorte que rien ne manque à son âme de tout ce qu’il désire ; mais Dieu ne lui permet pas d’en jouir, et c’est un étranger qui en jouit. Cela est une vanité et un grand malheur. »* (Ecclésiaste 6:1-2)
Les convives se turent, sentant la gravité de ces paroles. Nabal, cependant, éclata d’un rire méprisant.
— *« Des paroles de fou ! Je jouis pleinement de ma richesse ! »*
Elihu fixa Nabal avec compassion.
— *« Alors dis-moi : lorsque tu te couches le soir, ton cœur est-il en paix ? Lorsque tu regardes l’avenir, as-tu la certitude que tes biens te suivront dans la tombe ? »*
Nabal sentit une pointe d’irritation.
— *« Que sais-tu de ces choses, toi qui n’as même pas de toit à toi ? »*
Elihu soupira.
— *« Même si un homme engendrait cent enfants et vivait de nombreuses années, si son âme ne se rassasie pas de bonheur et qu’il n’a pas de sépulture, je dis qu’un avorton est plus heureux que lui. »* (Ecclésiaste 6:3)
Nabal se leva brusquement, furieux.
— *« Comment oses-tu me comparer à un enfant mort-né ? Sors de ma maison ! »*
Elihu s’inclina une dernière fois et partit sans un mot.
**Le Châtiment de l’Orgueil**
Peu de temps après, une grande famine s’abattit sur le pays. Les récoltes de Nabal furent dévorées par les sauterelles, ses troupeaux moururent de maladie, et ses serviteurs le quittèrent l’un après l’autre. En quelques mois, tout ce qu’il avait amassé disparut comme la brume au matin.
Alité, rongé par la fièvre, Nabal se souvint des paroles d’Elihu. Dans son agonie, il murmura :
— *« J’ai possédé beaucoup, mais je n’ai rien vraiment possédé. J’ai mangé, mais je n’ai jamais été rassasié. J’ai ri, mais mon cœur était vide. »*
Et il mourut seul, sans que personne ne pleure sa disparition.
**La Leçon du Sage**
Des années plus tard, Elihu repassa par Beth-Horon. Des enfants jouaient sur les ruines de la grande maison de Nabal. Un vieillard, assis sous un olivier, reconnut le voyageur et lui dit :
— *« Tu avais raison, étranger. Nabal est mort comme un insensé, et ses biens ont été dispersés. »*
Elihu regarda le ciel et répondit :
— *« Tout ce qui arrive sous le soleil est vanité et poursuite du vent. Mieux vaut peu avec la crainte de l’Éternel, qu’un grand trésor avec le trouble. »*
Et il reprit sa route, laissant derrière lui une leçon éternelle : la vraie richesse n’est pas dans ce que l’on possède, mais dans ce que l’on donne à Dieu et aux hommes.