**La Restauration de Jérusalem et la Fidélité de Néhémie**

La muraille de Jérusalem était enfin reconstruite. Après des mois de labeur acharné, sous la direction de Néhémie, le gouverneur envoyé par le roi Artaxerxès, les pierres étaient solidement en place, les portes étaient fixées, et la ville retrouvait peu à peu sa gloire d’autrefois. Le peuple, malgré les moqueries et les menaces de ses ennemis, avait persévéré, porté par la main puissante de son Dieu.

Un matin, alors que le soleil levant dorait les remparts neufs, Néhémie se tint sur l’esplanade, contemplant l’ouvrage accompli. Son cœur était rempli de gratitude, mais aussi de prudence. La ville était vaste, mais les maisons restaient peu nombreuses, et les habitants n’étaient pas assez nombreux pour assurer sa défense. Il savait que les ennemis d’Israël, Sanballat, Tobija et leurs alliés, n’avaient pas renoncé à leurs mauvais desseins.

C’est alors que l’Esprit de Dieu mit dans le cœur de Néhémie une nouvelle mission : organiser la protection et l’administration de la ville. Il rassembla les chefs du peuple, les prêtres et les Lévites, et leur dit :

— Frères, Dieu nous a permis de relever ces murs, mais notre travail ne s’arrête pas là. Jérusalem doit être peuplée de fidèles, gardée par des hommes dignes de confiance. Nous devons veiller à ce que chaque porte soit surveillée, chaque famille enregistrée, afin que la ville soit forte et ordonnée selon la loi de Moïse.

Il se souvint alors d’un registre, celui des premiers exilés revenus de Babylone sous la conduite de Zorobabel, près d’un siècle plus tôt. Ce document sacré, conservé précieusement, contenait les noms de toutes les familles qui avaient répondu à l’appel de Cyrus pour reconstruire le Temple. Néhémie le fit rechercher, et lorsqu’on le lui apporta, il le déroula avec respect.

Les noms y étaient inscrits avec soin : les descendants de Juda, de Benjamin, les prêtres, les Lévites, les serviteurs du Temple. Chaque famille avait sa place, son héritage. Néhémie lut à haute voix devant l’assemblée, rappelant à chacun ses racines et sa responsabilité.

— Voici ceux qui sont revenus, dit-il. Leurs descendants doivent maintenant prendre leur part dans la garde de la ville.

Il établit des chefs de quartiers, désigna des portiers pour veiller jour et nuit, et organisa des tours de garde. Puis il convoqua une grande assemblée pour lire le registre une fois encore, afin que nul n’ignore son devoir.

Alors qu’il proclamait les noms, un silence recueilli régnait sur la foule. Certains, en entendant le nom de leurs ancêtres, eurent les larmes aux yeux. D’autres, dont les familles n’étaient pas mentionnées, furent examinés avec soin pour s’assurer de leur légitimité. Car Néhémie savait que la pureté du peuple était essentielle à la bénédiction divine.

À la fin de cette lecture, Néhémie leva les mains vers le ciel et pria :

— Ô Éternel, Dieu d’Israël, tu es grand et fidèle ! Tu nous as ramenés dans ce lieu, tu as relevé nos murs brisés. Maintenant, donne-nous la sagesse pour peupler cette ville selon ta volonté. Que chaque famille soit établie dans la crainte de ton nom, et que Jérusalem brille à nouveau comme la cité de ta présence !

Le peuple répondit par un grand « Amen ! », et les Lévites entonnèrent un cantique de louange.

Dans les jours qui suivirent, les familles s’installèrent dans leurs quartiers respectifs. Les portes furent gardées, les tours surveillées, et la vie reprit son cours, sous le regard bienveillant de Dieu. Néhémie, bien qu’il fût gouverneur, ne chercha pas à s’enrichir ou à dominer. Il continua à servir avec humilité, rappelant à tous que c’était l’Éternel qui les avait ramenés dans ce pays, et que c’était à Lui seul qu’ils devaient leur fidélité.

Ainsi, Jérusalem fut non seulement reconstruite en pierres, mais aussi en vies consacrées. Et chaque fois que le peuple regardait les murailles, il se souvenait que c’était par la grâce de Dieu qu’ils tenaient debout.