**Le Rêve de la Ville Endormie**
Dans une époque lointaine, la ville de Jérusalem, souvent appelée Ariel dans les prophéties, vivait dans une paix trompeuse. Ses murs majestueux s’élevaient vers le ciel, et ses habitants se croyaient en sécurité, croyant que Dieu fermerait les yeux sur leurs péchés. Les prêtres offraient des sacrifices mécaniques, les lèvres prononçant des prières, mais les cœurs étaient loin du Seigneur. Les marchés regorgeaient de richesses, et les puissants complotaient dans l’ombre, pensant que leurs manigances resteraient cachées.
Un soir, alors que la lune argentée baignait les ruelles de pierres, une lourde torpeur s’abattit sur la ville. Comme si une main invisible avait versé un breuvage d’oubli sur ses habitants, les yeux se fermèrent, non par le sommeil, mais par l’aveuglement spirituel. Les sages ne comprenaient plus les Écritures, les prophètes parlaient, mais leurs paroles semblaient scellées dans un livre que personne ne pouvait lire. Même les chefs, habituellement si fiers de leur discernement, erraient comme des hommes ivres, titubant dans leurs décisions.
Pendant ce temps, au-delà des murs, les ennemis d’Ariel se rassemblaient. Des nations puissantes campaient dans les vallées environnantes, leurs épées affûtées, leurs boucliers étincelants sous le soleil. Ils se moquaient, disant : * »Qu’importe cette ville ? Son Dieu l’a abandonnée ! »* Et en effet, sans la protection divine, Ariel aurait été réduite en poussière.
Mais le Seigneur, dans sa miséricorde, n’avait pas totalement détourné son regard. Un petit reste, des hommes et des femmes au cœur brisé, murmuraient des supplications dans le secret. Et c’est alors que le Tout-Puissant intervint d’une manière inattendue.
Un tremblement secoua la terre, et les armées ennemies, si confiantes, furent saisies de terreur. Comme frappées par une force invisible, elles se retournèrent les unes contre les autres, l’épée dévorant son propre maître. En un instant, leur orgueil fut réduit à néant.
Puis, une voix retentit du ciel, douce mais puissante : * »Ce peuple s’approche de moi de la bouche, et m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils m’adorent ! »*
Alors, un vent purificateur souffla sur Ariel. Les aveugles virent soudain la vérité, les sourds entendirent les paroles divines. Les humbles furent remplis de joie, car Dieu avait visité son peuple. Les puissants qui méprisaient la justice furent humiliés, et les pauvres d’esprit héritèrent de la sagesse.
La ville se réveilla enfin de son long sommeil. Les autels de l’hypocrisie furent renversés, et l’adoration véritable s’éleva comme un encens agréable au Seigneur. Car Dieu n’avait pas abandonné Ariel—Il l’avait éprouvée pour la ramener à Lui.
Et ainsi, la prophétie s’accomplit : * »En ce jour-là, les sourds entendront les paroles du livre, et, délivrés de l’obscurité, les yeux des aveugles verront. Les malheureux se réjouiront de plus en plus en l’Éternel, et les pauvres feront du Saint d’Israël leur allégresse. »*
Ariel, la ville qui avait failli périr par son orgueil, devint enfin un reflet de la grâce divine.