**Le Sacrificateur Consacré**
Le soleil levant dorait les contours du Tabernacle, tandis que le peuple d’Israël commençait à s’agiter doucement autour du sanctuaire. Les parfums sacrés montaient vers les cieux, mêlés aux prières murmurées des fidèles. Au milieu de cette sainte agitation, le grand sacrificateur Éléazar se tenait debout, revêtu de ses habits sacerdotaux, l’éphod étincelant sur sa poitrine et le pectoral orné des douze pierres des tribus d’Israël.
Depuis son enfance, Éléazar avait été instruit dans les lois sacrées, celles que l’Éternel avait données à Moïse sur le mont Sinaï. Parmi ces commandements, ceux de Lévitique 21 résonnaient particulièrement dans son cœur, car ils traçaient une ligne claire entre le sacré et le profane, entre ce qui était permis et ce qui était interdit pour ceux qui servaient à l’autel.
**« Un sacrificateur ne se rendra pas impur pour un mort parmi son peuple »** (Lévitique 21:1).
Cette parole, Éléazar la méditait souvent. Il se souvenait du jour où son propre frère, un lévite comme lui, était tombé malade et avait rendu l’âme. Bien que son cœur fût brisé, Éléazar n’avait pu s’approcher du corps pour le pleurer, car la loi était claire : seul un proche parent très direct—un père, une mère, un fils, une fille, un frère non marié—pouvait le rendre impur. Mais même dans ces cas, le sacrificateur devait veiller à ne pas se souiller indûment, car il portait en lui la sainteté de l’Éternel.
Alors qu’il ajustait la tiare sur son front, Éléazar entendit des pleurs provenant de l’entrée du Tabernacle. Une femme, les vêtements déchirés en signe de deuil, s’avançait vers lui, les yeux rougis par les larmes.
— Mon seigneur, murmura-t-elle en s’inclinant, mon fils, ton serviteur, a été pris par la fièvre cette nuit. Puis-je implorer ta bénédiction avant son ensevelissement ?
Éléazar sentit une douleur lui traverser l’âme. Il connaissait cette femme, une veuve dont le fils avait servi comme portier au sanctuaire. Mais il savait aussi que s’il touchait le corps, il serait impur pour sept jours, incapable d’accomplir ses devoirs sacrés.
— Femme, répondit-il avec douceur mais fermeté, l’Éternel, dans sa sagesse, a ordonné que ceux qui servent à son autel ne se souillent point pour les morts, sauf pour leurs plus proches parents. Je ne puis venir, mais que le Dieu de miséricorde console ton cœur et reçoive l’âme de ton fils dans son repos.
La femme baissa la tête, comprenant la rigueur de la loi, mais Éléazar fit signe à un lévite de l’accompagner et de veiller à ce que les rites funéraires soient accomplis selon les coutumes.
Plus tard, alors que le soleil atteignait son zénith, Éléazar convoqua les sacrificateurs et les lévites pour leur rappeler les autres commandements du chapitre.
— **« Ils ne prendront point pour femme une prostituée ou une femme déshonorée, ni une femme répudiée par son mari »** (Lévitique 21:7).
Il leur rappela le cas d’un jeune sacrificateur qui, quelques mois plus tôt, avait été tenté d’épouser une femme dont la réputation était entachée. La sanction avait été sévère : il avait été exclu du service jusqu’à ce qu’il se repente et offre un sacrifice pour sa purification.
— **« La fille d’un sacrificateur qui se déshonore en se prostituant profane son père ; elle sera brûlée au feu »** (Lévitique 21:9).
Ces paroles firent frémir l’assemblée. Personne n’oubliait l’histoire tragique de Mikhaël, une jeune fille de la lignée d’Aaron, qui avait été séduite par les cultes païens des peuples voisins. Son châtiment avait été un avertissement solennel pour tous ceux qui oseraient mépriser la sainteté de leur vocation.
Enfin, Éléazar leva les mains pour bénir l’assemblée.
— Frères, nous sommes appelés à être saints, car Celui que nous servons est saint. Que nos actes, nos alliances, et même notre deuil reflètent cette consécration.
Alors que l’encens montait vers le ciel, les sacrificateurs répondirent d’une seule voix :
— Amen ! Que l’Éternel soit glorifié !
Et dans ce moment solennel, chacun comprit que la sainteté n’était pas une simple règle, mais un appel à vivre chaque instant sous le regard du Très-Haut.