**Le Concile de Jérusalem**

Le soleil levant dorait les murs de Jérusalem, illuminant les ruelles étroites où les fidèles se pressaient vers le Temple. La ville sainte bruissait de rumeurs, car une question brûlante divisait les disciples de Jésus : fallait-il que les païens convertis se soumettent à la loi de Moïse pour être sauvés ?

Depuis quelque temps, des hommes venus de Judée enseignaient aux frères d’Antioche : *« Si vous n’êtes pas circoncis selon la coutume de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. »* Ces paroles avaient semé le trouble parmi les croyants d’origine païenne. Paul et Barnabas, qui avaient témoigné de la grâce de Dieu parmi les nations, s’opposaient fermement à cette exigence. Les discussions s’envenimaient, et il fut décidé que les apôtres et les anciens se réuniraient à Jérusalem pour trancher la question.

Le voyage fut long et poussiéreux. Paul marchait d’un pas déterminé, le cœur lourd mais rempli d’une conviction inébranlable : le salut venait par la foi en Christ, et non par les œuvres de la loi. À ses côtés, Barnabas, toujours patient, encourageait les frères qu’ils croisaient sur leur route. Enfin, Jérusalem apparut, ses pierres blanches étincelantes sous le ciel d’azur.

L’assemblée se réunit dans une grande salle, probablement chez un disciple aisé. Les visages étaient graves, les regards scrutateurs. Pierre, dont la barbe grisonnante trahissait les années de labeur, se leva le premier. Son autorité parmi les apôtres était incontestée.

*« Frères, vous savez que Dieu m’a choisi parmi vous pour que les païens entendent la parole de l’Évangile et croient. »* Sa voix, ferme et chaleureuse, captiva l’assemblée. *« Dieu, qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage en leur donnant le Saint-Esprit, tout comme à nous. Il n’a fait aucune différence entre eux et nous, puisqu’il a purifié leurs cœurs par la foi. Pourquoi donc tentez-vous Dieu en imposant aux disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ? Non, c’est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons être sauvés, tout comme eux. »*

Un silence profond suivit ses paroles. Jacques, le frère du Seigneur, écoutait attentivement, les doigts effleurant les parchemins des Écritures posés devant lui. Quand il prit la parole, ce fut avec la sagesse d’un homme qui méditait la loi jour et nuit.

*« Simon a raconté comment Dieu a d’abord visité les païens pour en tirer un peuple qui portât son nom. Cela s’accorde avec les paroles des prophètes, comme il est écrit : *« Après cela, je reviendrai, et je relèverai la tente de David qui est tombée ; j’en réparerai les ruines, et je la redresserai, afin que le reste des hommes cherche le Seigneur, ainsi que toutes les nations sur lesquelles mon nom est invoqué. »*

Il proposa alors une solution équilibrée : *« Je juge qu’il ne faut pas inquiéter ceux des païens qui se convertissent à Dieu, mais leur écrire de s’abstenir des souillures des idoles, de l’impudicité, des animaux étouffés et du sang. Car depuis bien des générations, Moïse a dans chaque ville des gens qui le prêchent, puisqu’on le lit dans les synagogues chaque sabbat. »*

L’assemblée approuva. Paul et Barnabas, ainsi que Jude et Silas, furent choisis pour porter cette décision aux frères d’Antioche. La lettre, rédigée avec soin, commençait ainsi : *« Les apôtres, les anciens et les frères, aux frères d’entre les païens qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut ! »*

Lorsque la missive fut lue à Antioche, ce fut une explosion de joie. Les païens, libérés du poids de la circoncision, rendirent grâces à Dieu pour cette confirmation de leur foi. Jude et Silas, prophètes renommés, exhortèrent les frères et les fortifièrent.

Ainsi, l’Église franchit un pas décisif : le salut était offert à tous, Juifs et Grecs, par la seule grâce de Jésus-Christ. Et la bonne nouvelle continua de se répandre, portée par des témoins dont les cœurs brûlaient de l’amour de Dieu.