**La Révolte de Sheba et la Sagesse de Joab**
En ces jours-là, après la mort d’Absalom et le retour du roi David à Jérusalem, une nouvelle tempête s’annonçait sur le royaume d’Israël. Les tribus, bien que soumises, murmuraient encore, et un homme du nom de Sheba, fils de Bikri, un Benjaminite, se leva comme un démon sorti des ombres. C’était un homme au visage dur, aux paroles enflammées, et il souffla sur les braises de la rébellion.
« Nous n’avons aucune part avec David, aucun héritage avec le fils d’Isaï ! » cria-t-il d’une voix retentissante, rassemblant autour de lui les mécontents. Comme un feu dans une moisson sèche, sa révolte se propagea, et les hommes d’Israël, oubliant la miséricorde de David, abandonnèrent leur roi pour suivre Sheba. Seule la tribu de Juda resta fidèle, escortant David depuis le Jourdain jusqu’à Jérusalem.
Le roi, le cœur lourd, comprit que le danger était grand. Sheba pouvait rassembler une armée et plonger le royaume dans une nouvelle guerre civile. Il ordonna donc à Amasa, son neveu qu’il avait nommé chef de l’armée à la place de Joab, de rassembler les hommes de Juda dans un délai de trois jours. Mais Amasa, soit par négligence, soit par incapacité, tardait. Les heures passaient, et David, impatient, se tourna vers Abishaï, le frère de Joab :
« Sheba, fils de Bikri, est plus dangereux qu’Absalom. Prends mes hommes d’élite et poursuis-le avant qu’il ne trouve refuge dans des villes fortifiées ! »
Abishaï partit aussitôt, accompagné des guerriers les plus redoutables, parmi lesquels se trouvait Joab, bien que David ne l’ait plus voulu comme commandant. Joab, rusé et impitoyable, n’avait pas oublié qu’Amasa lui avait volé sa place. Lorsqu’ils rencontrèrent Amasa près du grand rocher de Gabaon, Joab s’avança avec une feinte amitié.
« Te portes-tu bien, mon frère ? » dit Joab, embrassant Amasa comme un traître embrasse sa victime.
Et alors qu’Amasa, sans méfiance, se détendait, Joab, d’un mouvement rapide, tira son épée et lui ouvrit le ventre, le laissant mourir dans son sang sur la route. Le carnage était si brutal que les hommes d’Amasa, horrifiés, restèrent immobiles devant le corps de leur chef.
Joab, sans perdre un instant, reprit le commandement comme si de rien n’était. « Quiconque aime David, qu’il me suive ! » hurla-t-il, et l’armée, impressionnée par sa férocité, obéit. Ils poursuivirent Sheba jusqu’à Abel-Beth-Maaca, une ville fortifiée où le rebelle s’était réfugié.
Joab encercla la ville et commença à ériger des remblais pour briser ses murs. Mais une femme sage, dont la renommée était grande dans la région, se posta sur les remparts et cria :
« Écoutez, écoutez ! Dites à Joab de s’approcher, je veux lui parler ! »
Joab s’avança, et la femme, d’une voix calme mais ferme, lui dit :
« Autrefois, on disait : « Demandez conseil à Abel », et on résolvait les problèmes. Nous sommes une ville paisible, fidèle à Israël. Pourquoi veux-tu détruire un héritage de l’Éternel ? »
Joab, bien que sanguinaire, n’était pas insensible à la raison.
« Loin de moi cette pensée ! répondit-il. Mais un homme du nom de Sheba, fils de Bikri, s’est rebellé contre le roi David. Livrez-le, et je quitterai la ville. »
La femme, connaissant le sort qui attendait Abel si elle refusait, retourna vers les habitants et les convainquit d’agir. Ils tranchèrent la tête de Sheba et la jetèrent par-dessus le mur à Joab.
Ainsi prit fin la rébellion. Joab fit sonner la trompette, dispersa ses hommes, et retourna vers Jérusalem, laissant derrière lui une ville épargnée, mais aussi le souvenir sanglant de sa traîtrise envers Amasa.
David, bien que soulagé, savait que Joab était un homme dont les mains étaient trop souvent teintées de sang. Mais pour l’instant, le royaume était en paix, et l’Éternel avait une fois de plus protégé son oint des pièges des méchants.
Ainsi se conclut l’histoire de Sheba, dont la révolte fut écrasée, non par la force seule, mais aussi par la sagesse d’une femme qui sauva sa ville de la destruction.