**Le Psaume 55 : La Trahison et le Refuge en Dieu**
Dans la ville de Jérusalem, sous le règne du roi David, une sombre épreuve s’abattit sur le cœur du souverain. Les murs de la cité, habituellement baignés de la lumière dorée du soleil, semblaient désormais enveloppés d’une brume épaisse, comme si la tristesse elle-même s’était répandue dans les ruelles. David, l’homme selon le cœur de Dieu, était accablé par une douleur profonde, une douleur qui ne venait pas des armées ennemies, mais de l’intérieur même de son cercle de confiance.
Un soir, alors que les ombres s’allongeaient sur les cours du palais, David se retira dans sa chambre, le poids de la trahison pesant sur ses épaules. Il tomba à genoux, les mains tremblantes, et éleva sa plainte vers le Seigneur :
*« Ô Dieu, prête l’oreille à ma prière, ne te dérobe pas à ma supplication ! »*
Sa voix était brisée, ses larmes coulaient comme une rivière silencieuse. Il décrivait à Dieu le tumulte de son âme : les cris de l’ennemi, les méchants qui faisaient peser sur lui leur violence. Mais pire encore était cette douleur lancinante, celle d’une trahison venant d’un ami proche.
*« Car ce n’est pas un ennemi qui m’outrage, je le supporterais… Ce n’est pas mon adversaire qui s’élève contre moi, je me cacherais devant lui. Mais c’est toi, un homme de mon rang, mon confident, mon ami intime ! »*
David se souvenait des jours passés, des conversations paisibles sous les oliviers, des rires partagés, des serments d’alliance. Cet homme, dont le nom resterait à jamais gravé dans son cœur comme une blessure, avait levé le talon contre lui. Comme Judas bien des siècles plus tard, cet ami avait usé de douces paroles pour cacher un cœur perfide.
La nuit avançait, et David sentait la peur l’envahir. Il aurait voulu s’enfuir loin, très loin, comme une colombe qui s’échappe vers le désert. *« Oh ! si j’avais des ailes comme la colombe, je m’envolerais et trouverais un lieu de repos ! »* murmura-t-il. Mais où aller ? Le désert lui-même ne pourrait apaiser cette souffrance.
Alors, dans l’obscurité, une lumière divine commença à briller dans son esprit. Il se rappela que Dieu, le Tout-Puissant, était son refuge. Même si les montagnes tremblaient et que les fondements de la terre étaient ébranlés, le Seigneur demeurait ferme.
*« Remets ton fardeau à l’Éternel, et il te soutiendra. »*
Ces paroles, comme une douce pluie sur une terre aride, pénétrèrent son âme. David essuya ses larmes. Il savait désormais ce qu’il devait faire : non pas se venger, non pas céder à la colère, mais confier sa cause à Celui qui juge avec justice.
Au petit matin, alors que les premiers rayons du soleil perçaient à l’horizon, David se releva, fortifié. Il écrivit ce psaume, non seulement comme un cri de détresse, mais comme un témoignage de foi. Car il avait appris que même dans l’épreuve la plus amère, Dieu entendait, Dieu voyait, et Dieu agissait.
Ainsi se termina cette nuit de combat spirituel. Et bien que la trahison laissât une cicatrice, elle devint aussi le creuset d’une confiance plus profonde en Celui qui ne trahit jamais.
*« Mais moi, je me confierai en toi, ô Éternel. »*
Et cette confiance, plus forte que la trahison, devint son chant de victoire.