**La Lamentation sur les Princes d’Israël**
Dans un temps où le jugement de l’Éternel pesait sur Jérusalem, la parole du Seigneur fut adressée au prophète Ézéchiel, lui ordonnant de prononcer une complainte sur les princes d’Israël. C’était une lamentation funèbre, une parole chargée de tristesse et d’avertissement.
Ézéchiel se tint devant le peuple, son cœur lourd sous l’onction divine, et commença à déclarer :
*« Lève une complainte sur les princes d’Israël, et dis : Qu’était donc ta mère ? Une lionne couchée parmi les lions, élevant ses lionceaux au milieu des jeunes fauves. Elle éleva l’un de ses petits, et il devint un jeune lion ; il apprit à déchirer sa proie, et il dévora des hommes. »*
Les paroles du prophète peignaient une image saisissante : une lionne, fière et puissante, symbole de la nation d’Israël, et ses petits, les princes qui avaient gouverné le peuple. Le premier lionceau, audacieux et féroce, représentait un roi qui avait régné avec force, mais aussi avec violence. Il avait opprimé, provoqué la révolte, et finalement, il avait été capturé.
*« Les nations entendirent parler de lui ; il fut pris dans leur fosse, et elles le menèrent avec des chaînes au pays d’Égypte. »*
Le peuple écoutait, silencieux, se souvenant des rois qui avaient été emmenés en exil, humiliés par leurs ennemis. La main de l’Éternel s’était appesantie sur eux à cause de leur orgueil et de leur infidélité.
Puis, la complainte continua, évoquant un second lionceau :
*« Quand elle vit qu’elle attendait en vain, que son espérance était perdue, elle prit un autre de ses petits, et en fit un jeune lion. Il marcha parmi les lions, il devint un jeune lion ; il apprit à déchirer sa proie, et il dévora des hommes. »*
Ce second prince, tout comme le premier, avait été élevé pour régner, mais lui aussi avait succombé à la violence et à l’arrogance. Il avait semé la terreur parmi les nations voisines, provoquant leur colère.
*« Il parcourut leurs palais, il détruisit leurs villes ; le pays et tout ce qu’il contenait fut ravagé au bruit de ses rugissements. »*
Mais encore une fois, le jugement tomba.
*« Alors les nations se dressèrent contre lui de toutes parts ; elles tendirent leur filet, et il fut pris dans leur fosse. Elles le mirent dans une cage et l’emmenèrent au roi de Babylone ; elles le conduisirent dans une forteresse, afin qu’on n’entende plus sa voix sur les montagnes d’Israël. »*
Le peuple frémit en entendant ces mots. Ils reconnaissaient là le sort de leur dernier roi, emmené captif à Babylone, la ville des conquérants. La gloire d’Israël s’était éteinte, et la voix de ses princes ne résonnait plus sur les hauteurs sacrées.
Alors, la complainte prit une tournure plus sombre encore :
*« Ta mère était comme une vigne plantée près des eaux, féconde et chargée de branches à cause de l’abondance des eaux. Elle avait des rameaux robustes, propres à faire des sceptres de souverains ; elle s’élevait au-dessus des autres plantes, imposante par sa hauteur et par la multitude de ses pousses. »*
La vigne symbolisait la nation d’Israël, autrefois bénie et prospère, plantée par Dieu Lui-même dans une terre fertile. Elle aurait dû porter des fruits de justice et de fidélité, mais au lieu de cela…
*« Mais elle a été arrachée avec fureur et jetée par terre ; le vent d’orient a desséché son fruit ; ses rameaux vigoureux ont été brisés et consumés par le feu. Et maintenant, elle est transplantée dans le désert, dans une terre aride et desséchée. »*
Le feu de la colère divine avait consumé la vigne rebelle. Jérusalem, la cité jadis glorieuse, était devenue une ruine, et ses enfants, dispersés parmi les nations.
Ézéchiel acheva sa complainte d’une voix grave :
*« Un feu est sorti de ses propres branches et a dévoré son fruit. Il ne reste plus en elle de rameau vigoureux, de sceptre pour gouverner. »*
Ainsi finissait la lamentation. Plus de roi, plus de puissance. Seulement le silence d’une nation brisée, attendant le jour où l’Éternel, dans Sa miséricorde, ramènerait un reste fidèle.
Et le prophète se tut, laissant peser sur les cœurs la solennité de ces paroles, afin que le peuple comprenne : le jugement était venu, mais l’espoir demeurait dans la repentance et dans la promesse future d’un vrai Roi, un Berger qui ne briserait pas le roseau froissé.