**La Ceinture de Lin et le Jugement de Dieu**

Dans les jours où Jérémie, le prophète, marchait selon la parole de l’Éternel, une révélation lui fut donnée, une parole qui portait en elle un avertissement solennel pour le peuple de Juda.

Un matin, alors que le soleil se levait à peine sur les collines de Jérusalem, l’Éternel parla à Jérémie : *« Va, achète-toi une ceinture de lin, et mets-la sur tes reins, mais ne la trempe pas dans l’eau. »* (Jérémie 13:1). Sans hésiter, Jérémie se rendit chez un marchand et choisit une ceinture de lin fin, tissée avec soin, blanche et pure. Il l’enroula autour de sa taille, comme le Seigneur le lui avait ordonné.

Les jours passèrent, et la ceinture restait sur lui, symbole d’une proximité avec Dieu. Puis, la voix de l’Éternel retentit à nouveau : *« Prends la ceinture que tu as achetée et qui est sur tes reins, lève-toi, va vers l’Euphrate, et cache-la là dans la fente d’un rocher. »* (Jérémie 13:4). Bien que la distance fût grande et le voyage périlleux, Jérémie obéit. Il traversa des terres arides, longea des ravins escarpés, et finalement atteignit les rives du fleuve impétueux. Là, il défit sa ceinture et la cacha dans une crevasse, avant de retourner à Jérusalem, le cœur lourd d’interrogations.

Des mois s’écoulèrent. Puis, l’Éternel ordonna une troisième fois : *« Lève-toi, va vers l’Euphrate, et reprends la ceinture que je t’avais commandé d’y cacher. »* (Jérémie 13:6). Jérémie entreprit de nouveau le long voyage. Lorsqu’il arriva au fleuve, il fouilla la roche et retrouva la ceinture. Mais quelle horreur ! Le lin autrefois blanc et solide était maintenant souillé, rongé par l’humidité, pourri et inutile.

Alors, la parole de l’Éternel éclaira l’esprit de Jérémie : *« Ainsi parle l’Éternel : C’est ainsi que je détruirai l’orgueil de Juda et le grand orgueil de Jérusalem. Ce peuple mauvais refuse d’écouter mes paroles, suit l’entêtement de son cœur, et court après d’autres dieux. Ils seront comme cette ceinture, qui ne sert plus à rien. »* (Jérémie 13:9-10).

Le prophète revint à Jérusalem, portant dans ses mains la ceinture gâtée comme un signe effrayant. Il se posta dans les cours du temple, devant les prêtres et le peuple, et leur déclara : *« Écoutez la parole de l’Éternel ! Comme cette ceinture s’est attachée à mes reins, ainsi vous vous êtes attachés à moi, peuple de Juda. Mais par votre orgueil et votre idolâtrie, vous vous êtes corrompus. Et maintenant, vous serez jetés loin, comme cette ceinture abandonnée aux eaux de l’Euphrate ! »*

Les visages se durcirent, certains ricanèrent, d’autres haussèrent les épaules. Qui était cet homme pour leur annoncer un tel malheur ? Mais Jérémie poursuivit, sa voix tremblante de douleur et de conviction : *« Malheur à vous qui vous enivrez de vin et d’arrogance ! Le jour vient où les pères et les fils trébucheront ensemble, où il n’y aura plus de miséricorde. »* (Jérémie 13:13-14).

Pourtant, au milieu du jugement, une lueur d’espoir perçait. Car l’Éternel, dans sa justice, était aussi un Dieu de restauration. Mais pour l’heure, la ceinture pourrie restait un avertissement : sans repentance, le peuple serait emporté comme un vêtement inutile, balayé par le vent de la colère divine.

Et Jérémie, le cœur brisé, continua de proclamer la vérité, espérant que quelques-uns se détourneraient de leur voie mauvaise avant qu’il ne soit trop tard.