**La Succession de David : L’Intrigue pour le Trône**
Le roi David était désormais âgé, très avancé en âge, et bien que couvert de laine chaude, il ne parvenait plus à se réchauffer. Les serviteurs du palais, inquiets pour sa santé, cherchèrent un remède. Après de nombreuses délibérations, ils lui proposèrent une solution : « Que l’on cherche pour notre seigneur le roi une jeune fille vierge, qui se tiendra devant le roi, le soignera et couchera dans son sein, afin que notre seigneur le roi se réchauffe. »
On chercha alors dans tout le territoire d’Israël une jeune fille d’une grande beauté, et l’on trouva Abishag, une Sunamite, dont la grâce était renommée. On l’amena au roi, et elle le servit avec dévotion. Bien qu’elle fût d’une beauté exceptionnelle, le roi ne la connut pas intimement, car ses forces déclinaient, et son règne touchait à son crépuscule.
Cependant, dans l’ombre des couloirs du palais, une intrigue se tramait. Adonija, quatrième fils de David, né de Haggith, nourrissait des ambitions royales. Beau et fier, il se disait : « C’est moi qui régnerai ! » Sans en informer son père, il prépara un cortège royal, s’entoura de chars, de cavaliers et de cinquante hommes qui couraient devant lui, imitant la gloire des princes d’autrefois. Il gagna le soutien de Joab, le chef de l’armée, et d’Abiathar, le prêtre, qui offrirent leur aide à sa cause.
Mais tous n’étaient pas dupes. Le prophète Nathan, fidèle à la promesse divine faite à David, se rendit auprès de Bathsheba, la mère de Salomon, et l’avertit : « As-tu entendu qu’Adonija, fils de Haggith, s’est proclamé roi sans que notre seigneur David ne le sache ? Si tu veux sauver ta vie et celle de ton fils Salomon, agis maintenant ! »
Bathsheba, tremblante mais résolue, entra dans la chambre du roi, où Abishag le servait encore. Elle se prosterna devant David, qui, affaibli, lui demanda : « Que veux-tu ? »
Elle répondit avec sagesse : « Mon seigneur, tu as juré à ta servante par l’Éternel, ton Dieu, que Salomon, mon fils, régnerait après toi. Mais voici qu’Adonija s’est fait roi, et tu ne le sais même pas. Tout Israël se tourne vers lui, tandis que mon fils et moi, nous serons traités comme des rebelles. »
Alors qu’elle parlait encore, Nathan le prophète arriva et confirma ses paroles : « Ô roi, as-tu déclaré qu’Adonija régnerait après toi ? Car aujourd’hui, il a sacrifié des bœufs, des veaux gras et des brebis en abondance, et il a invité tous tes fils, ainsi que Joab et Abiathar, mais il n’a point convié Salomon, ton serviteur. Tout cela se fait-il avec ton accord ? »
David, bien que faible, retrouva un instant sa clairvoyance royale. Il fit appeler Tsadok, le prêtre, Nathan le prophète, et Benaja, chef des gardes. « Faites monter Salomon sur ma propre mule, conduisez-le à Guihon, et là, que Tsadok et Nathan l’oignent roi sur Israël. Vous sonnerez de la trompette et crierez : “Vive le roi Salomon !” »
Ainsi fut fait. Salomon, monté sur la mule du roi, fut escorté jusqu’au torrent de Guihon, où Tsadok prit la corne d’huile sainte et l’oignit devant tout le peuple. Les trompettes retentirent, et les acclamations remplirent Jérusalem : « Vive le roi Salomon ! »
Lorsqu’Adonija et ses convives, festoyant à En-Roguel, entendirent le bruit des trompettes et les cris de joie, Joab sursauta : « Pourquoi ce tumulte dans la ville ? »
Au même moment, Jonathan, fils d’Abiathar, arriva, essoufflé. Adonija, croyant recevoir une bonne nouvelle, s’écria : « Entre, car tu es un homme de bien ! »
Mais Jonathan secoua la tête : « Notre seigneur le roi David a établi Salomon comme roi ! Il l’a fait monter sur sa mule, Tsadok et Nathan l’ont oint, et tout le peuple se réjouit. Même les serviteurs du roi sont venus bénir David, disant : “Que Dieu rende le nom de Salomon plus glorieux que le tien !” »
À ces mots, les convives d’Adonija, saisis de terreur, se dispersèrent. Adonija lui-même, craignant pour sa vie, courut saisir les cornes de l’autel, cherchant asile dans le sanctuaire.
Quand Salomon apprit cela, il déclara : « Si Adonija se montre un homme loyal, pas un de ses cheveux ne tombera à terre. Mais s’il médite le mal, il mourra. »
Ainsi commença le règne de Salomon, selon la volonté de Dieu et la promesse faite à David. Le vieux roi, apaisé, rendit grâce à l’Éternel avant de s’endormir, confiant que la dynastie était entre de bonnes mains.