**La Foi et la Ruse : Esther devant le Roi**
Le soleil se levait sur Suse, teintant les murs du palais royal d’une lueur dorée. Dans les appartements privés de la reine Esther, une atmosphère de tension et de prière régnait. Depuis trois jours, elle avait jeûné, refusant toute nourriture, se consacrant entièrement à la supplication devant le Dieu d’Israël. Ses servantes, inquiètes mais respectueuses, observaient en silence. Esther savait que ce jour marquerait un tournant : elle allait se présenter devant le roi Assuérus sans y avoir été conviée, un acte punissable de mort.
Vêtue de ses habits royaux, elle ajusta la couronne sur ses cheveux soyeux, puis inspira profondément. Ses doigts tremblaient légèrement, mais son cœur était ferme. « Si je dois périr, je périrai », murmura-t-elle, répétant les paroles qu’elle avait dites à Mardochée.
Elle traversa les couloirs majestueux du palais, ses pas résonnant sur les dalles de marbre. Les gardes, surpris de la voir, s’inclinèrent par habitude, mais leurs regards trahissaient leur inquiétude. Personne ne se présentait devant le roi sans y être appelé.
Lorsqu’elle atteignit la salle du trône, le roi Assuérus, resplendissant dans son manteau pourpre, était assis, entouré de ses conseillers. À sa vue, son visage se figea un instant. Un silence pesant s’installa. Esther sentit son cœur battre à tout rompre, mais elle maintint son regard humble et digne.
Soudain, le roi étendit vers elle son sceptre d’or, symbole de sa clémence. Un soupir de soulagement parcourut la salle. Esther s’approcha et toucha respectueusement l’extrémité du sceptre.
« Quelle est ta requête, reine Esther ? demanda le roi, son regard empreint de bienveillance. Jusqu’à la moitié de mon royaume, elle te sera accordée. »
Esther, mesurant ses mots, répondit d’une voix douce mais assurée : « Si le roi le trouve bon, qu’il vienne aujourd’hui, avec Haman, au festin que j’ai préparé en son honneur. »
Le roi, intrigué et flatté, accepta aussitôt. Il ordonna qu’Haman, son premier ministre, soit convié sans délai.
### **Le Festin d’Esther**
Le banquet était somptueux. Les coupes d’or étincelaient sous la lumière des lampes, et les mets exquis embaumaient l’air. Esther avait tout fait préparer avec soin, sachant que chaque détail comptait. Assuérus, détendu par le vin, se tourna vers elle :
« Maintenant, dis-moi, quelle est ta demande ? »
Esther, avec une sagesse divine, répondit : « Mon roi, si tu m’accordes ta faveur, viens demain encore, avec Haman, à un second festin. C’est alors que je te ferai connaître mon désir. »
Le roi, amusé par ce mystère, accepta volontiers. Haman, quant à lui, sortit du palais le cœur gonflé d’orgueil. Être le seul invité, avec le roi, aux festins de la reine ! Mais en croisant Mardochée, assis à la porte du palais et refusant toujours de s’incliner, sa joie se changea en fureur.
Rentré chez lui, Haman rassembla ses amis et sa femme Zéresh. « Voyez mon honneur ! s’exclama-t-il. Pourtant, tout cela ne me sert à rien tant que ce Juif, Mardochée, reste en vie ! »
Sur les conseils de ses proches, il fit ériger une potence haute de cinquante coudées, résolu à demander au roi, le lendemain, la permission d’y pendre son ennemi.
Mais Dieu, dans Sa providence, veillait. Tandis qu’Haman ourdissait sa vengeance, un plan plus grand se déroulait dans le palais de Suse. Esther, guidée par la sagesse divine, attendait le moment précis où elle révélerait la vérité au roi.
Et demain, tout changerait.
