**La Parabole des Deux Aigles et de la Vigne Rebelle**

Dans la trentième année du règne du roi Jojakin, alors que les exilés de Juda vivaient sur les rives du fleuve Kebar, la parole de l’Éternel fut adressée au prophète Ézéchiel, fils de Buzi. Sous l’inspiration divine, il reçut une parabole mystérieuse, une allégorie que le Seigneur lui ordonna de transmettre à la maison rebelle d’Israël.

**La Vision des Deux Aigles**

Un matin, tandis que la brume s’élevait doucement des eaux du Kebar, Ézéchiel vit apparaître dans son esprit une scène saisissante. Un premier aigle, majestueux et puissant, aux ailes immenses et au plumage bigarré, descendit du ciel et se posa sur les hauteurs du Liban. Avec une force irrésistible, il arracha la cime d’un cèdre, emportant dans son bec le plus haut de ses rameaux. Il le transporta dans un pays de commerce, dans une ville de marchands, et le planta comme une jeune pousse dans une terre fertile, près d’eaux abondantes, afin qu’il prenne racine et devienne une vigne luxuriante.

Cet aigle représentait Nabuchodonosor, roi de Babylone, qui avait emmené le roi Jojakin et les nobles de Jérusalem en exil, les transplantant dans la grande métropole de Babylone. La terre fertile symbolisait la prospérité que les exilés pouvaient trouver sous la domination babylonienne, s’ils restaient fidèles à leur nouvelle condition.

Mais voici que surgit un second aigle, moins imposant mais tout aussi déterminé, aux ailes larges et au plumage fourni. La vigne, avide de liberté, étendit ses racines vers lui et dressa ses branches dans sa direction, espérant recevoir de lui une eau plus abondante encore. Cette vigne, c’était Sédécias, le roi fantoche placé sur le trône de Juda par Nabuchodonosor. Le second aigle figurait Pharaon, roi d’Égypte, vers lequel Sédécias se tourna dans une alliance perfide, rompant ainsi le serment qu’il avait fait au roi de Babylone au nom de l’Éternel.

**Le Jugement de la Vigne Infidèle**

Alors la colère de l’Éternel s’enflamma. Par la bouche d’Ézéchiel, Dieu prononça un décret solennel :

*« Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : La vigne qui a trahi son bienfaiteur sera arrachée ! Ses racines seront desséchées, et ses fruits coupés. Malgré sa force, elle ne résistera pas au vent d’orient qui la consumera. Elle périra sur le sol où elle a prospéré, sans qu’il soit besoin de bras puissants pour l’abattre. »*

En effet, Sédécias, en se révoltant contre Babylone malgré son serment sacré, avait provoqué la fureur divine. L’Éternel avait permis à Nabuchodonosor d’établir son autorité, et quiconque rompait ce pacte défiait l’ordre établi par Dieu Lui-même.

**La Promesse du Cèdre Nouveau**

Mais au milieu de ce jugement, une lueur d’espoir perça. L’Éternel déclara :

*« Moi, je prendrai la cime tendre d’un grand cèdre, et Je la planterai sur une haute montagne. Elle portera des branches, produira du fruit, et deviendra un cèdre magnifique. Sous son ombre habiteront les oiseaux de toute espèce, et toutes les créatures vivront à l’abri de ses rameaux. »*

Cette promesse annonçait la restauration future d’Israël, non par la force des rois ou des alliances humaines, mais par l’intervention directe de Dieu. Le Messie, issu de la lignée de David, serait ce cèdre glorieux sous lequel toutes les nations trouveraient refuge.

Ainsi, la parabole des deux aigles et de la vigne rebelle illustrait à la fois le châtiment divin contre la déloyauté et la fidélité inébranlable de Dieu envers Son peuple. Ézéchiel, le sentinelle d’Israël, avait accompli sa mission : avertir, condamner, mais aussi consoler par l’espérance d’un avenir où l’Éternel régnerait en justice et en paix.

Et le peuple, méditant ces paroles, comprit que la vraie sagesse était de se confier non dans les puissances terrestres, mais dans le bras puissant de Celui qui fait grâce à ceux qui reviennent à Lui d’un cœur repentant.