**Les Lamentations de Jérusalem : Une Ville en Deuil**
La ville de Jérusalem, autrefois grande parmi les nations, était devenue comme une veuve solitaire. Elle qui avait été peuplée, riche en enfants et en gloire, était maintenant assise dans la désolation, vidée de sa splendeur. Ses rues, jadis remplies des rires des marchands et des chants des pèlerins, gisaient silencieuses, foulées seulement par les pas lents de ceux qui pleuraient. Les portes de la cité, naguère bondées de voyageurs, étaient brisées et abandonnées, comme un cœur qui a perdu toute espérance.
La nuit tombait sur Sion, mais aucune lumière n’illuminait ses fenêtres. Les princes de Juda, comme des cerfs traqués, avaient fui devant l’ennemi, sans force pour résister. Ils erraient maintenant parmi les nations, sans lieu de repos, poursuivis par l’angoisse et le souvenir de leur défaite. Les prêtres, eux aussi, gémissaient, car le temple, la maison de l’Éternel, avait été profané. Les jeunes filles de Jérusalem baissaient la tête, leurs yeux rougis par les larmes, et nulle main ne venait les consoler.
Les ennemis de Juda triomphaient, et leurs rires cruels résonnaient dans les ruines. Babylone avait étendu ses mains sur tous les trésors de Jérusalem ; les objets sacrés du sanctuaire avaient été emportés comme un butin vulgaire. Les nations qui avaient autrefois craint la puissance de Juda la regardaient maintenant avec mépris, secouant la tête en signe de moquerie.
« Seigneur, regarde ma détresse ! » murmurait l’âme de Jérusalem. « L’Éternel m’a livrée à ceux que je ne peux supporter. Il a envoyé le feu de sa colère, il a brisé mes os, il a tendu un filet sous mes pas pour me faire tomber. Je suis devenue une immonde chose, une ville souillée, que tous fuient. »
Les enfants de Sion, précieux et purs, étaient maintenant esclaves, traînés loin de leur terre, leurs cris étouffés par la distance. Les mères, le sein sec de chagrin, cherchaient en vain un peu de pain pour leurs petits. Les vieillards, assis sur les décombres, se souvenaient des jours d’autrefois et pleuraient en silence.
Oui, tout cela était arrivé parce que Jérusalem avait gravement péché. Elle s’était détournée de son Dieu, elle avait couru après des idoles vides, elle avait méprisé les prophètes qui l’appelaient à la repentance. Maintenant, l’Éternel avait accompli sa parole : il avait retiré sa protection, et l’ennemi avait tout ravagé.
Pourtant, au milieu des ténèbres, une prière montait encore vers le ciel :
« Éternel, vois mon humiliation, car l’ennemi s’est élevé avec arrogance. Il a tout pris, il a piétiné ton sanctuaire. Mais toi, ô Dieu, tu es juste dans tout ce qui nous arrive, car nous avons péché contre toi. Pourtant, souviens-toi de nous, ne nous abandonne pas pour toujours… »
Ainsi gémissait Jérusalem, seule dans la nuit, attendant un signe de miséricorde. Et bien que le châtiment fût lourd, l’espérance demeurait, car les compassions de l’Éternel ne sont pas à jamais épuisées. Peut-être qu’un jour, après les pleurs, viendrait le renouveau…